Bretagne Histoire

Mise à jour 2024 – Historique du Cambout

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blason

LE CAMBOUT

par Abbé Marcel Rouillard

Copyright © 2003 Licence de documentation libre GNU

Dédicace

Ce document est dédié à tous les amateurs de la Bretagne et de la
liberté.

Cette Monographie est l’œuvre de l’Abbé Marcel Rouillard, elle a été
écrite entre l’année 1997 et le 1er mai 1983.

Ce présent document a été numérisé par Jean-Marie Renouard afin de
préserver le patrimoine breton de l’oubli et afin de diffuser plus
largement sa culture.

En 2024, une traduction des parties en Galèse a été effectuée pour
permettre une meilleure compréhension des textes d’origine

Pour toutes informations complémentaires, n’hésitez pas à me
contacter :

Jean-Marie Renouard

+33662695881

[email protected]

Avant propos

Ceci est une version numérique d’un document en Gallo breton.

1. Présentation du blason

Des gueules (rouges), à trois fasces (bandes horizontales),
étiquetées (divisées en carré d’échiquier). D’argent (couleur blanche)
et d’azur (couleur bleue).

2. Dialogue d’introduction en
gallo

La culture ne s’hérite pas, elle se conquiert!

—André Maurios

Une petite phrase d’André Maurois, académicien qui, mine de rien,
travailla en profondeur la matière grise de deux alertes Cambutiades du
3ème âge et y raviva le virus (l’héritage de notre première Eve) de la
curiosité. Deux Cambutiades (traduction du latin cambutiades,
cambutiadis) aux petits noms bien de chez nous : Françouèse et
Thurine.

Texte orignal

Françouèse : Combée d’su’cs?

Thurine : Tu sé bée qu’ j’é ma sucrète, à
caou se, de mon diabète!

Su’ l’ coup de quat’heures, nos deux » 3eme âge » sacrifiint au rite
sacro­saint d’la bolée d’café et d’ la beurée. C’ qui louu permettè, en
même temps, de caouser des dorains potins d’la s’maine.

Françouêse : avé él’vé sans allocation ni médaille
six garçailles qui fesint lou tour lou chernin dans la vie … Oll’avé,
depée son jeune temps eune passion secrète: Lire tous les livres qui li
tombint sous les yeux . La r’traite et ses lunettes li permettint enfin
de l’assouvir. Et comme Oll’avé eune mémouère à faire pâlir de jalousie
un ordinateur, o’finissé par en savaï des choses et des choses,
qu’o’partagé sans s’faire prier et avec eune faconde intarissable.

Thurine : ielle, avoué qu’o n’avé pas les mêmes
facilités. Son homme été mort d’accident et, jeune veuve, il li avé
fallu trimer dur pour donner du pain , pas tourjou beurré, mée souvent
avec des pommes quieutes ou un p’tit de r’maï, à sa nichée … Ce qui ne
hli avé pas laissé l’temps de lire L’envie ne li en manqué pourtant
pas.

Thurine : Tu r’gardes-t’y, le dimanche
véprée, à la télé, les p’tits garçailles qui chantent ? I’s n’sont pas
si empruntés que de n’ot’temps . Je n’tins pas nous si hardis!

Françouèse : Non, j ‘arins nous z’eü honte
!… J’r’garde cor mai l’histronef (tu sé, la machine à r’monter
l’temps)… Eh bin , figure-tai que, sans machine, j’le r’monte mai
oussi avec un vieux régistre tout poussiéroux…

Thurine : Ah! qui qu’ia don d’écrit
d’dans?

Françouèse : Pien d’choses su’ la parouësse
de Ste Anne du Cambout C’ée nos racines à nous, not’patrimouënne, comme
i’s disent astour .J’t’en liré in p’tit, quand t’aras l’temps.

Thurine : Veur, bée sûr … dée d’main!

Cée comm’ella que nos deux Cambutiades se lancèrent, avec eune ardeur
toute juvénile, à la conquête de la » culture » . Le résultat, Si ça vous
dit, elles veulent bien le partager caté vous.

Français moderne

 Une petite phrase d’André Maurois, académicien, qui, mine de rien, a
stimulé en profondeur l’intellect de deux alertes personnes âgées du
troisième âge et y a ravivé le virus (l’héritage de notre première Ève)
de la curiosité. Deux dames (traduction du latin cambutiades,
cambutiadis) aux prénoms bien de chez nous : Françoise et Thurine.

Françoise : Combien de sucres ?

Thurine : Tu sais bien que j’ai ma sucrette, à cause
de mon diabète !

Vers quatre heures, nos deux « troisième âge » respectaient le rituel
sacro-saint de la tasse de café et de la tartine beurrée. Ce qui leur
permettait, en même temps, de discuter des derniers potins de la
semaine.

Françoise : a élevé sans allocation ni médaille six
garçons qui ont tous pris leur chemin dans la vie… Elle avait, depuis
son jeune âge, une passion secrète : lire tous les livres qui lui
tombaient sous les yeux. La retraite et ses lunettes lui permettaient
enfin de satisfaire cette passion. Et comme elle avait une mémoire à
faire pâlir de jalousie un ordinateur, elle finissait par savoir
beaucoup de choses, qu’elle partageait volontiers et avec une faconde
intarissable.

Thurine : elle, avouait qu’elle n’avait pas eu les
mêmes facilités. Son mari était mort dans un accident et, jeune veuve,
il lui avait fallu travailler dur pour nourrir ses enfants, pas toujours
avec du pain beurré, mais souvent avec des pommes cuites ou un peu de
r’maï (restes)… Ce qui ne lui avait pas laissé le temps de lire.
L’envie ne lui en manquait pourtant pas.

Thurine : Tu regardes, le dimanche après-midi, à la
télé, les petits garçons qui chantent ? Ils ne sont pas aussi coincés
que nous à notre époque. Je ne nous trouvais pas si hardis !

Françoise : Non, nous aurions eu honte !… Je
regarde encore mieux l’histronef (tu sais, la machine à remonter le
temps) … Eh bien, figure-toi que, sans machine, je remonte le temps
aussi avec un vieux registre tout poussiéreux…

Thurine : Ah ! qu’est-ce qui est écrit dedans ?

Françoise : Plein de choses sur la paroisse de
Sainte Anne du Cambout. Ce sont nos racines, notre patrimoine, comme on
dit maintenant. Je t’en lirai un peu, quand tu auras le temps.

Thurine : Oui, bien sûr… dès demain !

C’est ainsi que nos deux dames se sont lancées, avec une ardeur toute
juvénile, à la conquête de la « culture ». Le résultat, si cela vous
intéresse, elles veulent bien le partager avec vous.

Chapitre 1. Survol du
contexte historique

Ier siècle au Vème siècle

Texte original

Thurine : Depée quand que not’ pays est
habité?

Françouèse : Certains chercheurs de la
préhistoire n’hésitent pas à affirmer que en Armnorique (Are Mor Ica: Le
pays qui longe la mer. C’est ainsi que s’appellait notre Bretagne
actuelle), l’homme serait apparu entre 300 000 et 400 000 ans avant JC .
D’autres(découvertes en 1987 de Damgan) datent même cette présence de
l’homme entre 600 000 et 200 000 avant JC.

Thurine : Comment qu’i’s savent ellà?

Françouèse : Ils ont trouvé des pierres
taillées en silex ou quartzite, des outils qui sont la preuve de
l’existence d’êtres intelligents. Mais c’est surtout depuis 2000 ans
environ que notre coin commence âparticiper à l’histoire…

Thurine : Ah! Comment ‘là?

Françouèse : Eh ! bien, en ce
temps-là…

Thurine : Te v’là qui caouse astour comme
l’évangile!

Françouèse : Laisse-mai don, beurdasse !
… En ce temps-là, l’Armorique était peuplée, sur les côtes de la mer,
de tribus gauloises (qui étaient une branche de la grande famille celte)
: les Namnètes (Loire Atlantique), les Vénètes (Morbihan), les Osismes
(Finistère) ,les Coriosolites (Côtes d’Armor), les Rédones
(Ille-et­vilaine).

L’Armorique centrale n’était que landes et forêts . Forêts qu’on
appellera plus tard Brocéliande et dont il ne reste plus que des
parcelles (forêt de Painpont, de Lanouée(envion 3000 hectares).

Thurine : Y’avé don pas de monde par
ici?

Françouèse : Non, il faudra attendre Jules
César…

Thurine : Qui c’ée c’t’i-là? Qui qui faisit
don pour ellà ?

Françouèse : C’est un général de Rome, qui
vers 120 avant JC , avait envahi la Gaule ,fit prisonnier Vercingétorix
et occupa le pays. Une partie de ses soldats campaient chez les
Andes(Maine-et-loire). L’officier qui les commandait s’appelait Brutus.
Il fallait, bien sûr, du ravitaillement pour tous ces militaires.

Thurine : Eh ! veur, je n’ai pas oublié
1940-1945.

Françouèse : L’officier pensa à l’Annorique
et envoya une délégation de soldats demander des provisions aux Vénètes
et aux Coriosolites…

Thurine : Je songe qu’i’s ne se laissèrent
pas faire ?

Françouèse : Justement non. Mais les
romains non plus. Puisqu’ils ne voulaient pas leur en vendre de bon
coeur, ils allaient le prendre de force. Vers 57 avant J.C, César confia
trois légions de soldats à l’un de ses officiers avec mission de marcher
contre les Coriosolites. Lui-même commença la campagne contre les
Vénètes, qui, excellents marins, résistèrent dans le golfe du Morbihan
Ils attaquèrent les galères romaines avec 220 bateaux à voiles. Poussés
par le vent, leurs bateaux foncèrent sur les galères romaines à rames…
Mais le vent vint à tomber, ce furent alors les romains qui se lancèrent
à l’assaut des Armoricains. Les courageux Vénètes subirent la loi du
plus fort César condamna les sénateurs Vénètes à mort et la population
fut vendue à l’encan.

Thurine : Les pauv’es gens, i’s perdirent
tout. Ce César avé l’ coeur du’ !

Françouèse : Il fit quand même quelque
chose de pas mauvais. Pour avoir l’oeil sur les Armoricains, il lui
fallait sans doute des légionnaires, mais aussi des moyens de
communication. Rappelle-toi : tout le milieu de l’Armorique n’était que
forêts impénétrables, sauf pour les animaux sauvages. Il fit construire
les fameuses voies romaines qui reliaient les centres importants
d’Armorique. L’une d’elles nous concernait spécialement : celle qui
allait de Corseul à Vannes. Elle passait à Torquilly (Coëtlogon), à la
Ville Juhel et au Chef du Bos (Plumieux) et au Pas aux biches (les
Forges). On en voit encore des traces sur la lande de Cranhoët (Le
Cambout) entre le ruisseau la Blaie (qui sépare les Côtes d’Armor du
Morbihan) et la forêt de Lanouée.

Thurine : L’occupation romaine durit-y
longtemps ?

Françouèse : Oui, plusieurs siècles. Mais
elle eut du bon. Par ses voies de communication, elle désenclavait le
pays et apportait une civilisation qui se développa surtout du Ier au
IIIème Siècle et l’apparition du christianisme.

Tel ne fut pas le cas pour d’autres envahisseurs qui ,eux, ravagèrent
l’Armorique. Vers l’an 200, il y eut les Alamans, les Germains. Vers
400, ce fut le tour des Goths et Wisigoths…

Thurine : Qu’ieux drôles de noms mon d’funt
peure appelé li ceux qui n’li plaisint pas : « Espèce d’Ostrogoths ! »

Françouèse : En 486, il y eut les Francs
qui venaient de Belgique et battirent les Gallo-romains à Soissons et
poussèrent jusqu’en Armorique.

Vers 480, les visites intéressées continuèrent encore. Mais, à vrai
dire, les nouveaux envahisseurs étaient plutôt des réfugiés. Les Bretons
de Grande-Bretagne avaient été, eux aussi, envahis par les Pictes, les
Scots et les Saxons. Beaucoup d’entr’eux fuirent en barques,
traversèrent la Manche et abordèrent sur les côtes d’Armorique. Parmi
ces émigrants du pays de Galles et d’Irlande, il y avait des moines :
Brieuc, Cado, Gildas, Méen…, qui fondèrent des monastères, ouvrirent
des écoles et évangélisèrent leur nouvelle patrie.

Français moderne

Thurine : Depuis quand notre région est-elle habitée
?

Françoise : Certains chercheurs de la préhistoire
n’hésitent pas à affirmer qu’en Armorique (Are Mor Ica : Le pays qui
longe la mer. C’est ainsi qu’on appelait notre Bretagne actuelle),
l’homme serait apparu entre 300 000 et 400 000 ans avant JC. D’autres
(découvertes en 1987 à Damgan) datent même cette présence de l’homme
entre 600 000 et 200 000 avant JC.

Thurine : Comment le savent-ils ? Françoise : Ils
ont trouvé des pierres taillées en silex ou quartzite, des outils qui
sont la preuve de l’existence d’êtres intelligents. Mais c’est surtout
depuis environ 2000 ans que notre coin commence à participer à
l’histoire…

Thurine : Ah ! Comment ça ? Françoise : Eh bien, à
cette époque…

Thurine : Tu parles maintenant comme l’évangile
!

Françoise : Laisse-moi donc, bavarde ! … À cette
époque, l’Armorique était peuplée, sur les côtes de la mer, de tribus
gauloises (qui étaient une branche de la grande famille celte) : les
Namnètes (Loire Atlantique), les Vénètes (Morbihan), les Osismes
(Finistère), les Coriosolites (Côtes d’Armor), les Rédones
(Ille-et-Vilaine).

L’Armorique centrale n’était que landes et forêts. Des forêts qu’on
appellera plus tard Brocéliande et dont il ne reste plus que des
parcelles (forêt de Paimpont, de Lanouée, environ 3000 hectares).

Thurine : Il n’y avait donc pas de monde par ici ?
Françoise : Non, il faudra attendre Jules César…

Thurine : Qui est-ce celui-là ? Que faisait-il ici
?

Françoise : C’était un général de Rome, qui vers 120
avant JC, avait envahi la Gaule, fait prisonnier Vercingétorix et occupé
le pays. Une partie de ses soldats campaient chez les Andes
(Maine-et-Loire). L’officier qui les commandait s’appelait Brutus. Il
fallait, bien sûr, du ravitaillement pour tous ces militaires.

Thurine : Eh bien, je n’ai pas oublié 1940-1945.
Françoise : L’officier pensa à l’Armorique et envoya une délégation de
soldats demander des provisions aux Vénètes et aux Coriosolites…

Thurine : Je suppose qu’ils ne se laissèrent pas
faire ?

Françoise : Justement non. Mais les Romains non
plus. Puisqu’ils ne voulaient pas leur en vendre de bon cœur, ils
allaient le prendre de force. Vers 57 avant JC, César confia trois
légions de soldats à l’un de ses officiers avec la mission de marcher
contre les Coriosolites. Lui-même commença la campagne contre les
Vénètes, qui, excellents marins, résistèrent dans le golfe du Morbihan.
Ils attaquèrent les galères romaines avec 220 bateaux à voiles. Poussés
par le vent, leurs bateaux foncèrent sur les galères romaines à rames…
Mais le vent tomba, ce furent alors les Romains qui se lancèrent à
l’assaut des Armoricains. Les courageux Vénètes subirent la loi du plus
fort. César condamna les sénateurs Vénètes à mort et la population fut
vendue aux enchères.

Thurine : Les pauvres gens, ils perdirent tout. Ce
César avait un cœur dur ! Françoise : Il fit quand même quelque chose de
bien. Pour surveiller les Armoricains, il lui fallait des légionnaires,
mais aussi des moyens de communication. Souviens-toi : tout le centre de
l’Armorique n’était que forêts impénétrables, sauf pour les animaux
sauvages. Il fit construire les fameuses voies romaines qui reliaient
les centres importants d’Armorique. L’une d’elles nous concernait
spécialement : celle qui allait de Corseul à Vannes. Elle passait à
Torquilly (Coëtlogon), à la Ville Juhel et au Chef du Bos (Plumieux) et
au Pas aux biches (les Forges). On en voit encore des traces sur la
lande de Cranhoët (Le Cambout) entre le ruisseau la Blaie (qui sépare
les Côtes d’Armor du Morbihan) et la forêt de Lanouée.

Thurine : L’occupation romaine a duré longtemps
?

Françoise : Oui, plusieurs siècles. Mais elle eut du
bon. Par ses voies de communication, elle désenclavait le pays et
apportait une civilisation qui se développa surtout du Ier au IIIème
siècle et l’apparition du christianisme. Tel ne fut pas le cas pour
d’autres envahisseurs qui, eux, ravagèrent l’Armorique. Vers l’an 200,
il y eut les Alamans, les Germains. Vers 400, ce fut le tour des Goths
et Wisigoths…

Thurine : Quels drôles de noms ! Mon défunt père
appelait ceux qui ne lui plaisaient pas : « Espèce d’Ostrogoth ! »
Françoise : En 486, il y eut les Francs qui venaient de Belgique et
battirent les Gallo-romains à Soissons et poussèrent jusqu’en Armorique.
Vers 480, les visites intéressées continuaient encore. Mais, à vrai
dire, les nouveaux envahisseurs étaient plutôt des réfugiés. Les Bretons
de Grande-Bretagne avaient été, eux aussi, envahis par les Pictes, les
Scots et les Saxons. Beaucoup d’entre eux fuirent en barques,
traversèrent la Manche et abordèrent sur les côtes d’Armorique. Parmi
ces émigrants du pays de Galles et d’Irlande, il y avait des moines :
Brieuc, Cado, Gildas, Méen…, qui fondèrent des monastères, ouvrirent
des écoles et évangélisèrent leur nouvelle patrie.

Vème siècle au XIIème siècle

Texte original

Thurine : Ou est-ce que ces mouënes
s’installèrent?

Françouèse : Eh! bien, tout naturellement
sur les côtes, ou la population avait accepté l’influence romaine (les
romains quittèrent l’Armorique au XIéme Siècle ): Lunaire sur la Rance,
Brieuc sur le Gouët, Gildas dans la presqu’île de Rhuis, etc.
Quelques-uns pénétrèrent ensuite dans l’intérieur du pays : Méen, par
exemple à Paimpont … Leurs monastères devinrent des centres de culture
au propre et au figuré.

Thurine : Mée, not’coin par ici n’ avé, li,
rien?

Françouèse : Not’coin, comme tu dis, qui
n’était que forêt et qui s’appelait Poutrecoët ( qui voulait dire pays à
travers les bois, est devenu le Porhoët), allait lui aussi s’éveiller.
Bien sûr, il passait beaucoup de monde sur la voie romaine de Corseul à
Vannes ; mais il en fallait qui restent…

Thurine : Qui c’ée qui commencit?

Françouèse : Ceci se passa vers l’année
540. Le pionnier fut un moine du nom de Mioc (disciple de St Méen en
Grande Bretagne). Venu en Armorique avec un groupe de bretons, Ils se
dirigèrent vers la forêt centrale, à la recherche d’un lieu ou ils
pourraient s’établir. Notre « coin » dut sans doute leur convenir, car ils
décidèrent d’y fonder un « plou ». On dirait maintenant une paroisse, à
laquelle ils donnèrent le nom de « Plou-Mioc » (qui se transformera au
cours des âges en Plumieux). Une paroisse qui allait devenir le centre
de toute la région et comprenait les territoires de Plumieux, St
Etienne, La Chèze, Les futurs Cambout et Coëtlogon, La Trinité-Porhoët
et une partie de Mohon.

Thurine : Ca n’sée pas fait en un jou, bée
sûr?

Françouèse : Oh ! non. Les premiers arrivés
se mirent au travail. Il fallait déboiser, construire des maisons,
cultiver la terre libre, semer, élever des bêtes. La manne ne leur
tombait pas du ciel . Mioc, lui, assurait la nourriture spirituelle et
l’évangélisation.

Thurine :I’s donnint bée du ma’, les pauv’s
gens !

Françouèse : Oui, le travail était dur.
Mais au moins, après les jours difficiles qu’ils avaient vécus, ils
avaient la sécurité.

Thurine : ils l’avint bée gagnée, les
pauv’s Bertons

Françouèse : Malheureusement, c’était trop
beau pour durer…. Quarante ans ne s’étaient pas écoulés que les Francs
de Clovis envahissaient la Gaule, peuplée de Gallo-romains et battaient
ceux-ci à Soissons en 486.

Vers 845, ce sont les normands qui envahirent l’Armorique.

Ils reviendront plusieurs fois, pillant et massacrant tout sur leur
passage. Devant pareille calainité, les pauvres habitants s’enfuirent et
ailèrent chercher reflige et sécurité chez les Francs. Cet exil, qui
commença vers 919, dura vingt ans … A leur retour au pays, les exilés
avaient changé de mentalité à cause des événements qu’ils avaient vécus
et qu’ils allaient encore vivre.

Thurine :Ah ! qui qui les changit
don’comm’ella?

Françouèse : Une première constatation les
Bretons, qui avaient fondés « Plou­Mioc » parlaient leur langue bretonne,
importée de Grande Bretagne. Il en reste encore des traces dans certains
noms de village, comme Penhoët…

Chez les francs, ils se mirent à parler comme eux. A leur retour ils
continuèrent à parler une sorte de gallo-romain.

Thurine : Cée ventyée d’la qu’est venu
notre patouais?

Françouèse : Ca ne serait pas étonnant !
… Une deuxième constatation : sous la pression des bouleversements de
l’époque, le pays se transforme et la féodalité apparaît en Armorique ,
comme chez les Francs.

L’Armorique se divise en plusieurs comtés, dont celui de Rennes. Ce
comté comprenait le centre du pays de Rennes à Rostrenen sur une
longueur de 2O à 30 lieues et une largeur de 10 à 12 lieues.

Au XIème siècle, le Comte de Rennes, à cause des difficultés de
administration de son comté, procéda à un remembrement de son territoire
et y tailla trois seigneuries ( Gaël, Lohéac, Malestroit). Il se réserva
un beau domaine, dont le chef-lieu était Ploërmel. Quant à l’autre
portion, qui était à déboiser défricher et peupler. Il la confia au
premier vicomte du Porhoët…

Ce Vicomte avait pour nom Juthuël. Mais celui qui semble avoir marqué
le plus fut Guéthénoc, qui résidait à Château-Thro (en Guilliers). C’est
lui qui commença la construction du château de Josselin (1008). Il
mourut en 1040 et fut inhumé à Redon.

Il laissait trois fils : Josselin, Maingui et Tugdual L’aîné Josselin
hérita du titre et fut vicomte du Porhoët de 1040 â 1074. Il acheva la
construction du château de Josselin et fit de cette ville la capitale du
Porhoët.

Ses successeurs furent son fils Eudon (1074 – 1092) Josselin iI(1092
-1116) et Geoffoi(1116-1142).

Ce dernier, vers 1120, fit un nouveau remembrement. Le même se
réserva la partie à l’est de l’Oust ; la partie à l’Ouest de l’Oust
échut à son frère Alain qui devint le premier Vicomte de Rohan.

En 1603, le 3ème remembrement réduira de moitié le comté de Geoffroi,
à partir d’une ligne Ville Jégu, Le Cambout, Plumieux, La
Trinité-Porhoët Laurenan, Langourla.

Thurine : Mée, que devené le Plou-mioc du
début dans tout ella?

Françouèse : Eh! bien, le grand Plou-Mioc
d’origine fut lui aussi amputé. Il se retrouva réduit à son seul
territoire actuel et à ses secteurs de Coëtlogon et du Cambout.

Français moderne

Thurine : Où est-ce que ces moines se sont installés
?

Françoise : Eh bien, tout naturellement sur les
côtes, où la population avait accepté l’influence romaine (les Romains
quittèrent l’Armorique au XIe siècle) : Lunaire sur la Rance, Brieuc sur
le Gouët, Gildas dans la presqu’île de Rhuys, etc. Certains se sont
ensuite installés dans l’intérieur du pays : Méen, par exemple à
Paimpont… Leurs monastères sont devenus des centres de culture au
propre et au figuré.

Thurine : Mais, notre coin par ici, il n’y avait
rien ?

Françoise : Notre coin, comme tu dis, qui n’était
que forêt et s’appelait Poutrecoët (qui signifiait pays à travers les
bois, devenu le Porhoët), allait lui aussi s’éveiller. Bien sûr, il y
avait beaucoup de passage sur la voie romaine de Corseul à Vannes ; mais
il fallait des gens pour rester…

Thurine : Qui a commencé ?

Françoise : Cela s’est passé vers l’année 540. Le
pionnier fut un moine du nom de Mioc (disciple de Saint Méen en
Grande-Bretagne). Venu en Armorique avec un groupe de Bretons, ils se
dirigèrent vers la forêt centrale, à la recherche d’un endroit où
s’établir. Notre « coin » a dû leur plaire, car ils décidèrent d’y fonder
un « plou ». On dirait maintenant une paroisse, qu’ils ont nommée
« Plou-Mioc » (qui deviendra au fil des ans Plumieux). Une paroisse qui
allait devenir le centre de toute la région et comprenait les
territoires de Plumieux, Saint-Étienne, La Chèze, les futurs Cambout et
Coëtlogon, La Trinité-Porhoët et une partie de Mohon.

Thurine : Ça ne s’est pas fait en un jour, bien sûr
?

Françoise : Oh ! non. Les premiers arrivés se mirent
au travail. Il fallait déboiser, construire des maisons, cultiver la
terre libre, semer, élever des bêtes. La manne ne leur tombait pas du
ciel. Mioc, lui, assurait la nourriture spirituelle et
l’évangélisation.

Thurine : Ils ont dû en baver, les pauvres gens
!

Françoise : Oui, le travail était dur. Mais au
moins, après les jours difficiles qu’ils avaient vécus, ils avaient la
sécurité.

Thurine : Ils l’avaient bien méritée, les pauvres
Bretons.

Françoise : Malheureusement, c’était trop beau pour
durer… Quarante ans ne s’étaient pas écoulés que les Francs de Clovis
envahissaient la Gaule, peuplée de Gallo-romains, et battaient ceux-ci à
Soissons en 486. Vers 845, ce sont les Normands qui envahirent
l’Armorique. Ils reviendront plusieurs fois, pillant et massacrant tout
sur leur passage. Devant pareille calamité, les pauvres habitants
s’enfuirent et allèrent chercher refuge et sécurité chez les Francs. Cet
exil, qui commença vers 919, dura vingt ans… À leur retour au pays,
les exilés avaient changé de mentalité à cause des événements qu’ils
avaient vécus et qu’ils allaient encore vivre.

Thurine : Ah ! Qu’est-ce qui les a changés comme ça
?

Françoise : Une première constatation : les Bretons,
qui avaient fondé « Plou-Mioc », parlaient leur langue bretonne, importée
de Grande-Bretagne. Il en reste encore des traces dans certains noms de
village, comme Penhoët… Chez les Francs, ils se mirent à parler comme
eux. À leur retour, ils continuèrent à parler une sorte de
gallo-romain.

Thurine : C’est de là que vient notre patois ?

Françoise : Ça ne serait pas étonnant ! … Une
deuxième constatation : sous la pression des bouleversements de
l’époque, le pays se transforme et la féodalité apparaît en Armorique,
comme chez les Francs. L’Armorique se divise en plusieurs comtés, dont
celui de Rennes. Ce comté comprenait le centre du pays, de Rennes à
Rostrenen, sur une longueur de 20 à 30 lieues et une largeur de 10 à 12
lieues. Au XIe siècle, le comte de Rennes, à cause des difficultés
d’administration de son comté, procéda à un remembrement de son
territoire et y tailla trois seigneuries (Gaël, Lohéac, Malestroit). Il
se réserva un beau domaine, dont le chef-lieu était Ploërmel. Quant à
l’autre portion, qui était à déboiser, défricher et peupler, il la
confia au premier vicomte du Porhoët… Ce vicomte avait pour nom
Juthuël. Mais celui qui semble avoir marqué le plus fut Guéthénoc, qui
résidait à Château-Thro (en Guilliers). C’est lui qui commença la
construction du château de Josselin (1008). Il mourut en 1040 et fut
inhumé à Redon. Il laissait trois fils : Josselin, Maingui et Tugdual.
L’aîné, Josselin, hérita du titre et fut vicomte du Porhoët de 1040 à
1074. Il acheva la construction du château de Josselin et fit de cette
ville la capitale du Porhoët. Ses successeurs furent son fils Eudon
(1074 – 1092), Josselin II (1092 – 1116) et Geoffroi (1116-1142). Ce
dernier, vers 1120, fit un nouveau remembrement. Il se réserva la partie
à l’est de l’Oust ; la partie à l’ouest de l’Oust échut à son frère
Alain qui devint le premier vicomte de Rohan. En 1603, le troisième
remembrement réduira de moitié le comté de Geoffroi, à partir d’une
ligne Ville Jégu, Le Cambout, Plumieux, La Trinité-Porhoët, Laurenan,
Langourla.

Thurine : Mais, qu’est devenu le Plou-Mioc du début
dans tout ça ? Françoise : Eh bien, le grand Plou-Mioc d’origine fut lui
aussi amputé. Il se retrouva réduit à son seul territoire actuel et à
ses secteurs de Coëtlogon et du Cambout.

XIIème siècle au XIXème
siècle

Texte original

Thurine : Ah ! nous v’la tout comme arrivés au Cambout!

Françouèse :Oui, c’est au XIIème siècle que le nom du
Cambout entre dans l’histoire connu d’abord sous le nom de Quembot, puis
Quembout, c’est au 14ème siècle qu’il aura son vrai nom: Cambout!

Thurine : Pourquai qu’i’s nous ont baptisés du nom-là ?

Françouèse : Tout simplement parce qu’il y avait ici un
château et une famille du nom-là… Voici ce qu’écrit :

Près des confins des départements des Côtes du Nord et du Morbihan,
sur le territoire de Plumieux ( qui relevait jadis de l’évêché de
Saint-Brieuc et du Comté du Porhoêt), on voit encore, au village du
Cambout, les restes d’un vieux manoir. Là, dans un vieux château fort,
sur l’un des reliefs de ce pays accidenté, ou l’on trouve des traces de
l’occupation romaine, vivait au 12ème siècle, le sire Alain du Cambout,
chevalier preux de vieille race et l’un des plus féaux serviteurs des
ducs de Bretagne.

—R. Kerviler dans son livre «la Bretagne et l’académie»

Son blason se lisait :

De gueules (rouge)
à trois fasces ( bandes horizontales )
échiquetées ( divisées en carrés d’échiquier)
d’argent (blancs)
d’azur(bleus)

Sire Alain possédait cette terre du Cambout, qui relevait des Comtes
du Porhoët.

Les quatre premiers descendants d’Alain sont mentionnés dans les
chartes du 13ème siècle avec le titre de chevalier ou miles. Ce qui, à
cette époque, indiquait une noblesse de race, mais aussi une
illustration personnelle, car on ne naissait pas chevalier, on le
devenait par ses hauts faits.

Thurine : Y’en a-t-i’ z’ut béfot d’seigneurs du Cambout?

Françouèse :On ne peut pas les nommer tous, mais en voici
quelques-uns qui se sont distingués spécialement:

Français moderne

Thurine : Ah ! Nous voilà presque arrivés au Cambout !

Françoise : Oui, c’est au XIIe siècle que le nom du Cambout entre
dans l’histoire, connu d’abord sous le nom de Quembot, puis Quembout, et
c’est au XIVe siècle qu’il prend son nom définitif : Cambout !

Thurine : Pourquoi nous ont-ils baptisés de ce nom-là ? Françoise :
Tout simplement parce qu’il y avait ici un château et une famille
portant ce nom… Voici ce qu’écrit :

« Près des confins des départements des Côtes-du-Nord et du Morbihan,
sur le territoire de Plumieux (qui relevait jadis de l’évêché de
Saint-Brieuc et du comté du Porhoët), on voit encore, au village du
Cambout, les restes d’un vieux manoir. Là, dans un vieux château fort,
sur l’un des reliefs de ce pays accidenté, où l’on trouve des traces de
l’occupation romaine, vivait au XIIe siècle, le sire Alain du Cambout,
chevalier preux de vieille race et l’un des plus fidèles serviteurs des
ducs de Bretagne. » —R. Kerviler dans son livre « La Bretagne et
l’Académie »

Son blason se lisait : De gueules (rouge) à trois fasces (bandes
horizontales) échiquetées (divisées en carrés d’échiquier) d’argent
(blancs) d’azur (bleus)

Sire Alain possédait cette terre du Cambout, qui relevait des comtes
du Porhoët. Les quatre premiers descendants d’Alain sont mentionnés dans
les chartes du XIIIe siècle avec le titre de chevalier ou miles. Ce qui,
à cette époque, indiquait une noblesse de race, mais aussi une
distinction personnelle, car on ne naissait pas chevalier, on le
devenait par ses hauts faits.

Thurine : Y a-t-il eu beaucoup d’autres seigneurs du Cambout ?

Françoise : On ne peut pas tous les nommer, mais en voici
quelques-uns qui se sont distingués particulièrement :

Alain II

Fils de Gilbert et Marguerite de Matignon, qui servit sous Duguesclin
en 1371, fut échanson du duc de Monfort en 1371 ; écuyer de la duchesse
de Bretagne en 1410 et échanson à la cour du duc Jean V en 14l5.

Jean du Cambout

Frère d’Alain, qui fut tué pendant la guerre de succession à la
bataille d’Auray en 1364 ; Il combattait sous la bannière du vicomte de
Rohan qui soutenait la cause de Jeanne de Penthièvre ( dite Jeanne la
Boiteuse), femme de Charles de Blois, contre le Comte de Monfort. Au
retour de cette bataille (note une requête de 1546), les soldats du duc
de Monfort, passant dans la région, pillèrent et brûlèrent le manoir des
Du Cambout, « n’y laissant ni meubles ni lettres aucunes. »

Etienne du Cambout

Fils ainé d’Alain III et Jeanne de Toumernine, qui naquit au château
du Cambout dans la deuxiéme moitié du 14ème siècle. Il fut écuyer et
échanson du roi de France Charles VI, en 1406. Puis échanson du duc de
Bretagne en 1425, capitaine de Chatel-Audren en 1425, de la Hunaudaye et
de Moncontour en1429.Il mourut en 1442.

René du Cambout

Marié à Françoise Baie ( dame de Coislin). Il ajouta à son titre
celui de la seigneurie de Coislin, seigneurie qui devint marquisat. Il
fut commissaire des guerres en 1552 et capitaine des gentilhommes de
l’évêché de St-Brieuc.

A partir de 1537, René et son épouse n’habitèrent plus régulièrement
le château du Cambout, ils en firent un pied-à-terre.

Lorsque le château du Cambout fut détruit au temps de la ligue, la
famille le fit reconstruire et fit planter des arbres au sud de
l’habitation. Arbres qui ont été abattus.

Henri Charles du Cambout

Fils du duc de Coislin du Cambout et Magdeleine du Halgouët), qui
naquit à Paris le 5 septembre 1664. Il fut nommé évêque de Metz en 1697
, sacré le 22 septembre 1697 dans l’église des Feuillants (Paris) par le
cardinal du Cambout de Coislin, son oncle, évêque d’Orléans.

Premier aumônier du roi en 1700. Elu à l’Académie Française en 1710,
son parrain commença son discours de réception, en latin, par ces mots:
« O Cambutiaduin clara gens … « ( O famille illustre des du Cambout
).

Il mourut le 28 novembre 1732, à l’âge de 68 ans et fut inhumé dans
la chapelle des pères de Nazareth (rue du Temple) . Avec lui s’
éteignaient la pairie de Coislin et la branche aînée de la famille.

1Pierre Adolphe du Cambout

Le dernier à porter le nom des Du Cambout de la branche cadette de
Coislin. Il est décédé au château de Nogentel (Marne) le 2 septembre
1873. Aux 18éme et 19èmes siècles, le château et les terres devinrent la
propriété des familles de Valori, de St-Pem et du Halgouët… qui ont
joué un rôle important dans la fondation de la paroisse de
Sainte-Anne-du-Cambout.

Fondation de la
paroisse Sainte Anne du Cambout

Avant 1860 : Village de
Plumieux

Texte orignal

Thurine : Comment que ça s’passé don’ avant
1860 ?

Françouèse : Le bourg actuel du Cambout et
les villages faisaient partie de la commune et de la paroisse de
Plumieux…

Thurine : I’s dépendint don’ du meure et du
recteu de Plumieux ?

Françouèse : Oui,pour les enterrements, les
mariages, les baptêmes, les certificats de toutes sortes… sans
oublier, bien sûr, les impôts …, il fallait aller là-bas !

Thurine : Pour la messe du dimanche oussi
?

Françouèse :Non, quand même. Le château
avait une chapelle, que les seigneurs du Cambout avaient fait bâtir en
1633, d’après une inscription sculptée dans une pierre de la grande
porte d’entrée. La chapelle était dédiée à Ste-Anne.

Thurine : Pourquai à Ste-Anne ?

Françouèse : On ne sait pas au juste la
raison. Mais on peut penser que c’était par dévotion à Ste Anne, qui
était apparue à Nicolazic. Quelques années avant en 1624, et aussi en
souvenir de Jean du Cambout, qui fut tué à la bataille d’Auray pendant
la guerre de succession, en 1634, au service de Charles de Blois contre
Jean de Montfort. Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que Sainte Anne est
notre patronne !

Thurine : Mée, qui v’née dire la messe le
dimanche ?

Françouèse : C’est une ordonnance de
l’évêque de St-Brieuc qui nous l’apprend. Cette ordonnance date de 1842
et dit :

« Une messe matinale sera célébrée ( en la chapelle Ste
Anne-du-Cambout) chaque dimanche et fête d’obligation. L’un des vicaires
de Plumieux en sera chargé à son tour. »

—Ordonnance signée par Mgr Lemée.

Français moderne

Thurine : Comment cela se passait-il donc avant 1860
?
Françouèse : Le bourg actuel du Cambout et les villages
faisaient partie de la commune et de la paroisse de Plumieux…
Thurine : Ils dépendaient donc du maire et du recteur
de Plumieux ?
Françouèse : Oui, pour les enterrements, les mariages,
les baptêmes, les certificats de toutes sortes… sans oublier, bien
sûr, les impôts… il fallait aller là-bas !
Thurine : Pour la messe du dimanche aussi ?
Françouèse : Non, quand même. Le château avait une
chapelle, que les seigneurs du Cambout avaient fait construire en 1633,
selon une inscription gravée sur une pierre de la grande porte d’entrée.
La chapelle était dédiée à Sainte-Anne.
Thurine : Pourquoi à Sainte-Anne ?
Françouèse : On ne sait pas exactement pourquoi. Mais
on peut penser que c’était par dévotion à Sainte-Anne, qui était apparue
à Nicolazic quelques années avant, en 1624. Et aussi en mémoire de Jean
du Cambout, qui fut tué à la bataille d’Auray pendant la guerre de
succession, en 1364, au service de Charles de Blois contre Jean de
Montfort. Sainte-Anne est notre patronne depuis longtemps !
Thurine : Mais, qui venait dire la messe le dimanche
?
Françouèse : C’est une ordonnance de l’évêque de
Saint-Brieuc qui nous l’indique. Cette ordonnance date de 1842 et dit
:

« Une messe matinale sera célébrée ( en la chapelle Ste
Anne-du-Cambout) chaque dimanche et fête d’obligation. L’un des vicaires
de Plumieux en sera chargé à son tour. »

—Ordonnance signée par Mgr Lemée.

1860 : Erection en Paroisse

Texte original

Thurine : Quand est-ce don que le Cambout
est devenu parouësse ?

Françouèse : C’est le 17 septembre 1860 que
Mgr Martial, évêque de Saint-Brieuc, érigeait Ste Anne du Cambout en
paroisse :

« Nous, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, vu notre ordonnance du 16
septembre 1860, qui soustrait à la juridiction du recteur de Plumieux et
érige en paroisse au spirituel la section de Ste Anne du Cambout
précédemment dépendante de Plumieux.

Considérant qu’il est nécessaire que l’église de Ste-Anne-du-Cambout
(c’est à dire la chapelle Ste Anne ) ait une commission chargée
d’administrer les deniers nécessaires à l’entretien du culte paroissial
… Ordonnons ce qui suit:

Art. 1: Une commission est instituée à l’effet d’administrer
les deniers nécessaires à l’entretien du culte dans l’église de Ste Anne
du Cambout, nouvellement érigée en paroisse.

Art. 2 : Les sieurs Jean Marie Morel, Mathurin Le Clinche,
Pierre Le Texier, Mathurin Lorent sont nommés membres de la commission
susdite. Mr le Recteur est membre de droit.

Art. 3 : La commission ci-dessus nommée se confonnera dans
la gestion des deniers de l’église de Ste Anne du Cambout aux
dispositions du décret 1809 en tout ce qui sera compatible à son état de
fabrique

Le 20 décembre 1862, un décret impérial érigeait la nouvelle paroisse
en succursale. Le traitement du desservant (rémunéré jusque là par la
paroisse) fut payé par le Ministère des Cultes à partir du 1er janvier
1863

Thurine : Combée d’villages comperné la
jeune parouësse?

Françouèse : En plus du bourg, il y en
avait 23, dont voici les noms: Tréhorel, Ker-Joseph, La Vallée, Blaye,
Launay, La Folie, Gastry, Beau-Soleil, Belle-Etoile, Fougeray, Pingréal,
Ville-Océac, Châtaigneraie, Kerfeux,Roche-Morel ( côté Cambout),
Ville-Jégu, Penhouët, Clôtures, Bel-Air, Ville Mainguy, Bourgeoreil,
Valléon, Planchette.

Thurine : Comment s’appelé not’ premier
recteu ? Et combée qu’ien a z’eü ?

Françouèse : Le premier nommé par l’évêque
fut l’abbé Joseph Taillard, qui resta 2 ans (1860-1862) Lui ont succédé
jusqu’à ce jour:

L’abbé Joseph Foeillet ( 1862-1864)
L’abbé Allain (1864-1865)
L’abbé J F Le Clézio (1865-1884)
L’abbé Yves Marie Louesdon (1885-1894)
L’abbé J M Terlet( 1894-1896)
L’abbé A Berthelot ( 1896-1899)
L’abbé J Golvais (1899-1903)
L’abbé E Rouxel (1903-1915)
L’abbé S Gallais (1915-1929)
L’abbé J Garnier( 1929-1951)
L’abbé F Riotial (1951-1959)
L’abbé A Perrin (1959-1987)

En 1987 : La crise générale des vocations sacerdotales se fait
douloureusement sentir dans notre diocèse. Elle oblige l’évêque et son
conseil épiscopal à restructurer les paroisses. Ste Anne du Cambout
(avec ses 548 habitants) en est victime. Elle garde ses prérogatives
paroissiales, mais perd son recteur résident. Elle rentre sous la
houlette pastorale du recteur de Plumieux. Recteurs non-résidents L’abbé
Guy Marchand (1987-1997).

Thurine : Y’avé oussi des vicaires dans
l’temps ?

Françouèse : Oui, il y en a eu 7:

L’abbé Baron (1864-1874)
L’abbé Le Moine (1874-1880)
L’abbé Guguen (1880-1892)
L’abbé Jaffrain (1892-1894)
L’abbé Lacroix (1894-1899)
L’abbé Frostin (1899-1902)
L’abbé E Pacheu (1902-1926)

Thurine : Ca fait vingt prêt’s que l’évêque
nous a envoyés, mée la parouësse en a donné oussi!

Françouèse : Oui, dix-huit, qui sont nés
sur le territoire de la paroisse : sept ont été baptisés à Plumieux et
onze à Ste Anne du Cambout. La paroisse a aussi donné à l’église
plusieurs religieuses, dont les noms et le nombre ne sont pas mentionnés
aux archives.

Thurine : Pourquai que la parouësse ne
s’appelle pas (comme à Ste Anne d’ Auray) Ste Anne du Cambout ?

Françouèse : L’un des premiers recteurs
(L’abbé Le Clézio ) essaya pourtant, ….. Agacé de n’entendre que le
seul mot « Cambout » pour désigner la paroisse, il fit signer par les
paroissiens une pétition demandant qu’on dise « Ste Anne du Cambout. ». Il
adressa cette pétition à l’évêque de St-Brieuc, Mgr David, avec prière
de la présenter au préfet. La réponse de ce dernier fût que le décret
impérial ne portait que « section du Cambout. » et qu’en conséquence il ne
pouvait donner suite à la pétition. « Ce qui est écrit est écrit. »,
concluait-il comme un certain Pilate !

Thurine : Le « meure » aré ventiée pu faire
quèque chose !

Françouèse : Mais il n’y avait pas de maire
à ce moment-là! … Si Ste Anne du Cambout était paroisse depuis 1860,
elle n’était pas encore commune. Le dossier de demande était incomplet
et traînait dans les tiroirs de la Préfecture. Le Conseil
d’Arrondissement avait émis un avis favorable et le Conseil Général
avait voté l’acceptation. Le Recteur du temps proposa ses services pour
compléter le dossier et les pièces manquantes furent envoyées à la
Préfecture… Le 13 janvier 1866, le décret impérial paraissait érigeant
« Le Cambout » en commune.

La liste des maires du Cambout :

Mathurin Morel (1866-1870)
Yves-Marie Le Texier (1870-1909)
Jean Taloté (1909-1929)
Jean Baptiste Brajeul (1929-1963)
Edouard Michard (1964-1977)
Gilles Nizan (1977-1991)
Marcel Connan (1991-1995)
Jean-Noël Lagueux (1995-2023)

Français moderne

Thurine : Quand est-ce que Le Cambout est devenu une
paroisse ?
Françouèse : C’est le 17 septembre 1860 que Monseigneur
Martial, évêque de Saint-Brieuc, érigea Sainte-Anne du Cambout en
paroisse :
« Nous, évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, vu notre ordonnance du 16
septembre 1860, qui soustrait à la juridiction du recteur de Plumieux et
érige en paroisse au spirituel la section de Sainte-Anne du Cambout,
précédemment dépendante de Plumieux.
Considérant qu’il est nécessaire que l’église de Sainte-Anne-du-Cambout
(c’est-à-dire la chapelle Sainte-Anne) ait une commission chargée
d’administrer les fonds nécessaires à l’entretien du culte paroissial…
nous ordonnons ce qui suit :
Article 1 : Une commission est instituée pour administrer les fonds
nécessaires à l’entretien du culte dans l’église de Sainte-Anne du
Cambout, nouvellement érigée en paroisse.
Article 2 : Les sieurs Jean-Marie Morel, Mathurin Le Clinche, Pierre Le
Texier, Mathurin Lorent sont nommés membres de cette commission.
Monsieur le Recteur en est membre de droit.
Article 3 : La commission susmentionnée se conformera dans la gestion
des fonds de l’église de Sainte-Anne du Cambout aux dispositions du
décret de 1809 en tout ce qui sera compatible avec son statut de
fabrique. »

Le 20 décembre 1862, un décret impérial érigeait la nouvelle paroisse
en succursale. Le traitement du desservant (jusque-là payé par la
paroisse) fut pris en charge par le Ministère des Cultes à partir du 1er
janvier 1863.
Thurine : Combien de villages comptait la jeune
paroisse ?
Françouèse : En plus du bourg, il y en avait 23, dont
voici les noms : Tréhorel, Ker-Joseph, La Vallée, Blaye, Launay, La
Folie, Gastry, Beau-Soleil, Belle-Etoile, Fougeray, Pingréal,
Ville-Océac, Châtaigneraie, Kerfeux, Roche-Morel (côté Cambout),
Ville-Jégu, Penhouët, Clôtures, Bel-Air, Ville Mainguy, Bourgeoreil,
Valléon, Planchette.
Thurine : Comment s’appelait notre premier recteur ? Et
combien y en a-t-il eu ?
Françouèse : Le premier nommé par l’évêque fut l’abbé
Joseph Taillard, qui resta 2 ans (1860-1862). Lui ont succédé jusqu’à ce
jour :


  • L’abbé Joseph Foeillet (1862-1864)



  • L’abbé Allain (1864-1865)



  • L’abbé J. F. Le Clézio (1865-1884)



  • L’abbé Yves Marie Louesdon (1885-1894)



  • L’abbé J. M. Terlet (1894-1896)



  • L’abbé A. Berthelot (1896-1899)



  • L’abbé J. Golvais (1899-1903)



  • L’abbé E. Rouxel (1903-1915)



  • L’abbé S. Gallais (1915-1929)



  • L’abbé J. Garnier (1929-1951)



  • L’abbé F. Riotial (1951-1959)



  • L’abbé A. Perrin (1959-1987)


En 1987, la crise générale des vocations sacerdotales se fit
douloureusement sentir dans notre diocèse. Elle obligea l’évêque et son
conseil épiscopal à restructurer les paroisses. Sainte-Anne du Cambout
(avec ses 548 habitants) en fut victime. Elle conserva ses prérogatives
paroissiales, mais perdit son recteur résident. Elle passa sous la
houlette pastorale du recteur de Plumieux. Recteurs non-résidents :
l’abbé Guy Marchand (1987-1997).
Thurine : Il y avait aussi des vicaires à l’époque
?
Françouèse : Oui, il y en a eu 7 :


  • L’abbé Baron (1864-1874)



  • L’abbé Le Moine (1874-1880)



  • L’abbé Guguen (1880-1892)



  • L’abbé Jaffrain (1892-1894)



  • L’abbé Lacroix (1894-1899)



  • L’abbé Frostin (1899-1902)



  • L’abbé E. Pacheu (1902-1926)


Thurine : Cela fait vingt prêtres que l’évêque nous
a envoyés, mais la paroisse en a aussi donné, non ?
Françouèse : Oui, dix-huit, qui sont nés sur le
territoire de la paroisse. Sept ont été baptisés à Plumieux et onze à
Sainte-Anne du Cambout. La paroisse a aussi donné à l’Église plusieurs
religieuses, dont les noms et le nombre ne sont pas mentionnés dans les
archives.
Thurine : Pourquoi la paroisse ne s’appelle-t-elle pas
(comme à Sainte-Anne d’Auray) Sainte-Anne du Cambout ?
Françouèse : L’un des premiers recteurs (l’abbé Le
Clézio) a pourtant essayé… Agacé de n’entendre que le mot « Cambout »
pour désigner la paroisse, il fit signer par les paroissiens une
pétition demandant qu’on dise « Sainte-Anne du Cambout ». Il envoya cette
pétition à l’évêque de Saint-Brieuc, Monseigneur David, en priant
celui-ci de la transmettre au préfet. La réponse de ce dernier fut que
le décret impérial ne mentionnait que « section du Cambout » et qu’en
conséquence, il ne pouvait donner suite à la pétition. « Ce qui est écrit
est écrit », conclut-il comme un certain Pilate !
Thurine : Le maire aurait pu faire quelque chose
!
Françouèse : Mais il n’y avait pas de maire à ce
moment-là ! Si Sainte-Anne du Cambout était une paroisse depuis 1860,
elle n’était pas encore une commune. Le dossier de demande était
incomplet et traînait dans les tiroirs de la Préfecture. Le Conseil
d’Arrondissement avait donné un avis favorable et le Conseil Général
avait voté l’acceptation. Le Recteur de l’époque proposa son aide pour
compléter le dossier, et les pièces manquantes furent envoyées à la
Préfecture… Le 13 janvier 1866, le décret impérial érigeait « Le
Cambout » en commune.

Voici la liste des maires du Cambout :


  • Mathurin Morel (1866-1870)



  • Yves-Marie Le Texier (1870-1909)



  • Jean Taloté (1909-1929)



  • Jean-Baptiste Brajeul (1929-1963)



  • Édouard Michard (1964-1977)



  • Gilles Nizan (1977-1991)



  • Marcel Connan (1991-1995)



  • Jean-Noël Lagueux (1995-2023)


La paroisse de
donne ses structures matérielles

Texte original

Thurine : Nous v’la dont enfin parouësse !
Mée,comment qu’ça va marcher :i’n’avé seulement pas ou est-ce enterrer
nos morts !

Français moderne

Thurine : Nous voilà donc enfin paroisse ! Mais
comment ça va fonctionner ? On n’avait même pas d’endroit pour enterrer
nos morts !

Le Cimetière.

Françouèse : La propriétaire du château,
Madame De Valori, avait fait don d’un terrain de 25 ares pour le
cimetière. Si l’acte de donation ne fut signé qu’en février 1866, on
commença, dès 1860, à y enterrer nos défunts. La bénédiction du nouveau
cimetière et du calvaire qui est au centre fut faite par le curé de
Plémet de l’époque, l’abbé Pencolé, en 1863. La première inhumée fut
Anne-Marie Dahirel ,du village de Penhouët, le 9 septembre 1960. Le
cimetière fut agrandi et béni le 7 avril 1974.

Le presbytère

Texte original

Thurine : N’yavé pas non p’us d’iogement
pour les prêt’es !

Françouèse : En même temps que pour le
cimetière, Madame De Valori avait cédé à la fabrique le terrain
nécessaire à la construction d’un presbytère. La contenance en était de
50 ares (le terrain fut délimité et mesuré par Pierre Julo, de Gastry,
considéré comme expert en la matière.)

Français moderne

Thurine : Il n’y avait pas non plus de logement pour
les prêtres !
Françouèse : En même temps que pour le cimetière,
Madame De Valori avait cédé à la fabrique le terrain nécessaire à la
construction d’un presbytère. Ce terrain faisait 50 ares (il fut
délimité et mesuré par Pierre Julo, de Gastry, qui était considéré comme
expert en la matière).

Thurine : Et notre église actuelle, quand et comment
a-t-elle été construite ?
Françouèse : Oh ! C’est une longue histoire de
démarches, de patience, et de cheveux blancs pour les responsables.

L’acte de donation est daté du 30 mars 1869 et fut signé en l’étude
de monsieur Louet, notaire à Plumieux. On n’attendit pas cette date pour
commencer les travaux. Le plan était l’œuvre de Mr Magnan, architecte à
St Brieuc. La première pierre fut bénite, le dimanche qui suit la
Sainte-Anne en 1868. Les pièces furent transportées bénévolement et le
bois fut offert par les paroissiens. L’entreprise fut confiée à un
entrepreneur de Bréhan-Loudéac, Mr Golvais (il était le père d’un futur
recteur de la paroisse, l’abbé Golvais. Le jeune Joachim travailla
lui-même comme manœuvre pendant les vacances à la construction du
presbytère qu’il habitera un jour.)

L’église

Texte original

Thurine : Et notre église d’astour, quand
et comment qu’o’fut construite ?

Françouèse : Oh! ceci est une longue
histoire de démarches, de patience, de cheveux blancs pour les
responsables

Français moderne

Thurine : Et notre église actuelle, quand et comment
a-t-elle été construite ?
Françouèse : Oh ! C’est une longue histoire de
démarches, de patience, et de cheveux blancs pour les responsables.

Les mésaventures du projet

Tout commença en 1877. Mgr David, l’évêque de Saint Brieuc, vint
donner la confirmation le 18 novembre, dans la chapelle qui servait
toujours depuis 17 ans d’église paroissiale… Il constata que la
vieille chapelle de 1634 donnait des signes évidents de vieillesse et
était insuffisante pour le culte.

Par ordonnance du 24 novembre, il engageait paroissiens et recteurs à
se mettre au travail pour construire une nouvelle église, lui-même
« souscrit par une somme de Mille francs. »

Le Conseil de Fabrique réagit… Sept ans plus tard. Dans sa réunion
du 6 avril 1884, il fit le même constat que l’évêque en l’urgence d’une
construction nouvelle, adaptée à la population. Il y affecta la somme
disponible en caisse paroissiale (2340,96) et décida de faire appel à la
générosité des paroissiens.

Cette fois, allait-on démarrer ? Non, pas encore. Le permis de
construire avait été oublié. Il fut accordé en février 1887 par le
préfet des Côtes du Nord, qui (ajoute le chroniqueur) se montra plein de
bienveillance, même si elle mit du temps à se manifester.

Était-ce enfin le vrai départ des travaux ? Hélas une difficulté de
dernière heure surgit : le terrain, donné par Mme De Valori, s’avérait
insuffisant (Il manquait trois ares). Le recteur (l’abbé Y.M. Louesdon)
en fit pan au Vicomte de Saint-Pern, qui les offrit (dans le champ, dit
le Verger).

Le plan de l’église

Texte Original

Thurine : Le plan été-t-i’ seulement praït
?

Françouèse : Oui et son architecte était Mr
Jules Morvan, de St-Brieuc. La gestation du projet avait été si longue
qu’elle avait permis à l’architecte de mettre au point ce plan, de le
fignoler même.

En voici les principales caractéristiques :

Le style Une imitation du style ogival à lancette ( 13ème
siècle)

La nef largeur extérieure : 8m40; largeur intérieure : 7m20;
longueur extérieure : 27m60; longueur intérieure: 26m40.

Le transept 2 bras chacun avec une longueur de 5m10 et une
largeur de 7m20

L’abside polygonale profondeur : 6m40 ; largeur : 7m60.

Deux sacristies une pour le clergé ; l’autre pour le
matériel.

La base du clocherdeux avant-corps latéraux pour les fonds
baptismaux et l’escalier de la tour.

Français moderne

Thurine : Le plan était-il seulement prêt ?
Françouèse : Oui, et l’architecte en était Monsieur
Jules Morvan, de Saint-Brieuc. La gestation du projet avait été si
longue que cela avait permis à l’architecte de peaufiner et même de
perfectionner le plan. En voici les principales caractéristiques :

Le style : Une imitation du style ogival à lancette
(XIIIᵉ siècle).

La nef : largeur extérieure : 8m40 ; largeur
intérieure : 7m20 ; longueur extérieure : 27m60 ; longueur intérieure :
26m40.

Le transept : Deux bras, chacun d’une longueur de
5m10 et d’une largeur de 7m20.

L’abside polygonale : Profondeur : 6m40 ; largeur :
7m60.

Deux sacristies : Une pour le clergé et une autre
pour le matériel.

La base du clocher : Deux avant-corps latéraux pour
les fonts baptismaux et l’escalier de la tour.

Le feu vert

Texte original

Thurine : Alors qu’est-ce qu’i’s attendint
pour commencer ?

Françouèse : Paroisse et Commune comptèrent
leurs réserves financières. En 1885, le Conseil Municipal avait proposé
12 000, « provenant de la vente des biens communaux ». Le Conseil de
Fabrique évalua la participation paroissiale (dons en argent
fournitures, transports … ) à 23 500. Ce qui faisait un total de 35
500.

Français moderne

Thurine : Alors qu’est-ce qu’ils attendaient pour
commencer ?
Françouèse : La paroisse et la commune ont compté leurs
réserves financières. En 1885, le Conseil Municipal avait proposé 12 000
francs, « provenant de la vente des biens communaux ». Le Conseil de
Fabrique estima la participation paroissiale (dons en argent,
fournitures, transports, etc.) à 23 500 francs, ce qui faisait un total
de 35 500 francs.

Le feu vert fût donné. L’entreprise Le Floch, de Mûr de Bretagne, qui
avait obtenu l’adjudication, prit en mains les travaux, qui commencèrent
en mai 1887.La première pierre fut bénite le 31 juillet 1887, par Mr
l’abbé Douillet, curé de Plémet.

Dix ouvriers étaient affectés en permanence au chantier. Si bien que
la nef, le transept, l’abside, la base du clocher étaient debout en
1889. Un don de Mr le Vicomte de St-Pern permit d’achever la voûte.

Il n’y eut pas de solennité pour l’inauguration. Le recteur (l’abbé
Y.M Louesdon, qui avait porté tout le poids de la construction et qui
mourra le 4 juillet 1894 sans voir l’achèvement de l’église) procéda à
la bénédiction et dit la messe dans la sacristie, parce qu’il n’y avait
pas de maître-autel dans le chœur.

Le clocher

Texte original

Thurine : Et le tiocher, quand qu’i fut
élevé ?

Françouèse : Le plan du clocher était
approuvé depuis le 10 septembre 1892. Seulement la caisse sonnait plutôt
le creux. L’exécution du plan était chiffrée à 15 000 francs. Ou les
trouver ? Après force démarches, l’Etat accorda une subvention de 12 000
francs.

Français moderne

Thurine : Et le clocher, quand a-t-il été élevé
?
Françouèse : Le plan du clocher avait été approuvé
depuis le 10 septembre 1892. Mais les caisses étaient quasiment vides.
La construction du clocher était estimée à 15 000 francs. Où trouver
cette somme ? Après de nombreuses démarches, l’État accorda une
subvention de 12 000 francs.

Les travaux purent reprendre et furent menés rondement, puisqu’au
printemps 1893, le clocher s’élevait fièrement dans le ciel de Sainte
Anne du Cambout.

Les cloches

Texte original

Thurine : I’ n’attendé p’us qu’les
tioches!

Françouèse : Nous en avions déjà trois. La
plus ancienne (de 150 à 200 livres) porte la date de 1843. En 1864, deux
autres, commandées chez Vieil Tétrel de Villedieu les poêles, vinrent la
rejoindre. L’une avait le poids respectable de 859 kilos et avait coûté
3049,45 ; l’autre pesait 622 kilos et son prix avait été de 2208,10 ;
Elles furent bénites le 24 juillet 1864.

Français moderne

Thurine : Ils n’attendaient plus que les cloches
!
Françouèse : Nous en avions déjà trois. La plus
ancienne (pesant entre 150 et 200 livres) porte la date de 1843. En
1864, deux autres, commandées chez Vieil Tétrel, à Villedieu-les-Poêles,
vinrent s’ajouter. L’une pesait un respectable 859 kilos et avait coûté
3 049,45 francs, et l’autre pesait 622 kilos pour un prix de 2 208,10
francs. Elles furent bénites le 24 juillet 1864.

Ces trois cloches étaient installées sur un solide échafaudage près
de la chapelle. En 1894, elles furent descendues et montées dans le
nouveau clocher.

Celle de 622 kilos, par suite d’une fêlure (causée par le froid ou la
vigueur du sonneur ou quelque objet non identifié) perdit sa voix
cristalline. Son remplacement s’imposait. Le recteur (M. Rouxel) fit une
collecte qui rapporta … 178 francs!

Il n’en commanda pas moins une nouvelle cloche, chez Cornillé Havard
de Villedieu les Poëles. En 1912, la remplaçante arrivait à destination.
Elle n’avait rien à envier à la précédente avec 644 kilos. Elle fut
bénite par Mr. l’abbé Le Bris, archiprêtre de Loudéac, le dimanche 15
décembre 1912.

Elle avait six parrains et six marraines, dont les deux plus jeunes
n’étaient que « des pouponnets «(ajoute le chroniqueur).

Le lendemain, un mécanisme très ingénieux, permettant de tinter les
deux cloches, fût mis en place près des battants par les soins de M.
Courtois, ancien frère de Ploërmel.

L’église se meuble et se
renouvelle

Texte original

Thurine : Veur, mée … La méson du bon
dieu n’avé tout comme pas riche apparaissance avec sa terre battue, et
son mobilier d’ miseure!

Françouèse : Le Conseil de Fabrique en
avait bien conscience . Mais l’argent manquait. Dans sa réunion du 7
décembre 1890 ne nous exhortait-il pas à la patience? « Le mobilier de
l’église sera installé au flir et à mesure des ressources
disponibles ».

Thurine : Eh bin ! Fallé pas êt’e pressé
!

Françouèse : Il allait y mettre le temps
sans doute, mais il allait tenir sa promesse:

– En 1894, la terre battue flit remplacée par des dalles en granit et
pierre du pays. La même année, grâce à un don généreux (10 000 francs de
ce temps-là) du Vicomte de Saint-Pern, le maître-autel, la chaire et
deux confessionnaux ( oeuvres du sculpteur Le Merle, de Saint Brieuc )
furent mis en place.

– En 1895, ce fut le tour de l’autel latéral de Sainte Anne avec sa
statue (oeuvre de l’atelier Le Goff ,de Saint Brieuc), grâce à une
collecte, qui rapporta 1193,90 francs.

Les vitraux autour du choeur datent de la même époque et furent
offert par de pieux donateurs, dont les noms sont inscrits à la base de
chaque vitrail.

En 1911, le 9 septembre, fut béni l’autel latéral de la Sainte Vierge
(sorti des ateliers Le Goff de Saint Brieuc). Une collecte paroissiale
(dont le montant fut de 332,70) permit en partie de régler la
facture.

Thurine : La fai’- là, ç’avé l’air d’eune
vraie église ! Mée depée, y’a cor z’eü d’aut’s remaniements…

Françouèse : Oui, pour suivre l’évolution
et le progrès. Jusqu’en 1958, les cloches sonnaient à « l’huile de bras ».
Cette année-là, la maison Bodet, de Trémentines, les électrifia.
Désormais, il n’y avait plus besoin de cordes ni de bras il suffisait
d’appuyer sur un ou deux boutons pour les volées et les glas. L’angélus
était même automatique.

Thurine : Veur! Sauf quand n’y avé p’us de
d’courant !

Françouèse : En 1962, les chaises de
l’ancienne chapelle et achetées depuis donnaient des signes évidents de
fatigue et aspiraient à la retraite. Deux menuisiers locaux (Constant
Davenet, du bourg, et Pierre Renaud, du Pas aux biches) se mirent à
l’oeuvre et mirent en place dans la nef de magnifiques bancs. En plus,
soixante-douze chaises modernes furent commandées pour le transept. La
facture flit de 692 000 anciens francs.

Thurine : Pourquai availle changé les
autels?

Françouèse : Ce fut pour obéir à Vatican II
et à sa réforme liturgique, qui prescrivait la messe face aux assistants
et en langue française. La balustrade en fer forgé, qui séparait le
chœur du transept et où venait recevoir la communion, fut enlevée (elle
entoure maintenant la vierge couronnée rue des Tisserands) et un autel
en bois (don de la trappe de Timadeuc) fut installé en 1967.

Françouèse : En 1968, après avis de la
Commission Diocésaine d’Art Sacré, de nouvelles modifications furent
entreprises le baldaquin au dessus du maître autel ainsi que la chaire
et l’abat voix.

Français moderne

Thurine : C’est vrai, mais… la maison de Dieu
n’avait vraiment pas l’air riche avec son sol en terre battue et son
mobilier rudimentaire !
Françouèse : Le Conseil de Fabrique en avait bien
conscience. Mais il manquait de l’argent. Lors de la réunion du 7
décembre 1890, il nous exhortait à la patience : « Le mobilier de
l’église sera installé au fur et à mesure des ressources
disponibles ».
Thurine : Eh bien ! Il ne fallait pas être pressé
!
Françouèse : Cela allait prendre du temps, certes, mais
ils allaient tenir leur promesse :


  • En 1894, la terre battue fut remplacée par des dalles en granit
    et en pierre du pays. La même année, grâce à un don généreux (10 000
    francs à l’époque) du Vicomte de Saint-Pern, le maître-autel, la chaire
    et deux confessionnaux (œuvres du sculpteur Le Merle, de Saint-Brieuc)
    furent installés.



  • En 1895, ce fut le tour de l’autel latéral de Sainte-Anne, avec
    sa statue (œuvre de l’atelier Le Goff, de Saint-Brieuc), financé par une
    collecte qui rapporta 1 193,90 francs.
    Les vitraux autour du chœur datent de la même époque et furent offerts
    par de pieux donateurs, dont les noms sont inscrits à la base de chaque
    vitrail.
    En 1911, le 9 septembre, l’autel latéral de la Sainte Vierge (provenant
    des ateliers Le Goff de Saint-Brieuc) fut béni. Une collecte
    paroissiale, qui rapporta 332,70 francs, permit de régler une partie de
    la facture.


Thurine : Cette fois-là, cela ressemblait à une
vraie église ! Mais depuis, il y a encore eu d’autres
changements…
Françouèse : Oui, pour suivre l’évolution et le
progrès. Jusqu’en 1958, les cloches étaient actionnées à « l’huile de
bras ». Cette année-là, la maison Bodet, de Trémentines, les électrifia.
Désormais, il ne fallait plus ni cordes ni force physique, juste appuyer
sur un ou deux boutons pour les faire sonner. L’angélus devenait même
automatique.
Thurine : C’est vrai ! Sauf quand il n’y avait plus de
courant !
Françouèse : En 1962, les anciennes chaises de la
chapelle, qui avaient été achetées entre-temps, montraient des signes
évidents de fatigue et méritaient bien leur retraite. Deux menuisiers
locaux, Constant Davenet (du bourg) et Pierre Renaud (du Pas aux
Biches), fabriquèrent de magnifiques bancs pour la nef. En plus,
soixante-douze chaises modernes furent commandées pour le transept. La
facture s’élevait à 692 000 anciens francs.
Thurine : Pourquoi ont-ils changé les autels ?
Françouèse : Cela a été fait pour se conformer aux
réformes liturgiques du Concile Vatican II, qui prescrivaient de
célébrer la messe face aux fidèles et en langue française. La balustrade
en fer forgé, qui séparait le chœur du transept et où les fidèles
venaient recevoir la communion, fut retirée (elle entoure maintenant la
Vierge couronnée, rue des Tisserands). Un autel en bois, offert par la
Trappe de Timadeuc, fut installé en 1967.
Françouèse : En 1968, après l’avis de la Commission
Diocésaine d’Art Sacré, de nouvelles modifications furent effectuées,
notamment le retrait du baldaquin au-dessus du maître-autel ainsi que de
la chaire et de l’abat-voix.

En 1969, les verrières (en verre blanc) de la nef menaçant de
s’effondrer, furent démontées et remplacées par de nouvelles en verre de
différentes couleurs(polychromes). La pose fut faite par la maison
Briand de Rennes.

En 1974, toujours après consultation et approbation de la Commission
Diocésaine d’Art Sacré, le chœur fût restauré le parquet en bois, qui
n’était pas très loin du délabrement, fut remplacé par du carrelage
blanc ; l’autel face au peuple par une table en ciment blanc. Les autels
latéraux de Sainte Anne et de la Sainte Vierge leurs retables et leurs
balustrades disparurent. Ne subsistent que la statue de Sainte Anne et
de la Sainte Vierge sur leurs socles en granit et leurs troncs
respectifs, en granit également. En juillet 1986, une partie des vitraux
a été remplacée.

Structures d’accueil

Confréries et associations

Texte original

Thurine : J’é ouï, bée dés fais, ma d’feute
meure caouser des « bonnes soeurs de campagne en plein vent et des
enfants de Marie ….

Françouèse : Oui, en ce temps là, il y
avait un peu partout ce qu’on appelle maintenant des mouvements de piété
spiritualité pour les femmes et les jeunes filles. Pourquoi pas chez
nous ? C’est ainsi que naquirent ici aussi:

Français moderne

Thurine : J’ai entendu dire, bien des fois, ma
défunte mère parler des « bonnes sœurs de campagne en plein vent » et des
« enfants de Marie »…
Françouèse : Oui, à cette époque, il existait un peu
partout ce que l’on appelle aujourd’hui des mouvements de piété et de
spiritualité pour les femmes et les jeunes filles. Pourquoi pas chez
nous ? C’est ainsi qu’ils sont également nés ici.

La Confrérie du Mont Carmel, qui fit érigée par Mgr Martial, évêque
de Saint Brieuc, le 13 décembre 1860.

Le Tiers Ordre des Soeurs des Saints Soeurs de Jésus et Marie, dont
la première présidente fut Victoire Rolland, du bourg.

La Confrérie du Rosaire, qui fut canoniquement érigée le 9 mai
1987.

L’Association des Enfants de Marie, qui fut officialisée par une
ordonnance de Mgr Fallières (évêque de Saint Brieuc), en février
1987.

Les membres s’engageaient à réciter, matin et soir, trois fois le « Je
vous salue, Marie » et l’invocation « O Marie, conçue sans péché »; A
porter la médaille de l’immaculée Conception; A réciter en commun, le
dimanche après les vêpres, l’office de la Sainte Vierge.

Les postulantes portaient la médaille de l’immaculée Conception avec
un ruban vert ; les titulaires avec un ruban blanc. Le but de
l’association était d’honorer la Vierge Marie par la prière et une vie
chrétienne exemplaire. Les statuts précisaient d’une façon concrète ce
qui était défendu, sous peine d’exclusion. Aux processions paroissiales,
le port de la statue et de la bannière de la Vierge leur était réservé.
La première présidente fut élue le 25 Mars 1897 et était Marie Françoise
L’Hospitalier.

L’école Sainte Anne

Texte original

Thurine : Et l’école Sainte Anne, où est-ce
que j’ ons été quand j ‘tins gamaches, depée quand qu’ol ée ouverte
?

Françouèse : En 1876, la Comtesse de
Coislin du Cambout (propriétaire du château) avait promis un terrain
d’un demi-hectare (dans la rabine au sud du château) pour bâtir une
école de filles, qui serait dirigée par des religieuses. Mais la
donatrice mourut avant la signature de l’acte. En 1898, le Vicomte de
Saint Prnm(héritier de Mme de Coislin) confirma la promesse orale de
donation d’un terrain et la construction d’une classe et d’un logement
pour les enseignantes.

Français moderne

Thurine : Et l’école Sainte-Anne, où je suis allé
quand j’étais petit, depuis quand est-elle ouverte ?
Françouèse : En 1876, la Comtesse de Coislin du Cambout
(propriétaire du château) avait promis de donner un terrain d’un
demi-hectare (dans le bois au sud du château) pour y construire une
école de filles, qui serait dirigée par des religieuses. Mais la
donatrice est décédée avant de signer l’acte. En 1898, le Vicomte de
Saint-Pern (héritier de Madame de Coislin) confirma la promesse orale de
donation d’un terrain et la construction d’une classe et d’un logement
pour les enseignantes.

En 1900, le recteur en exercice fit démarrer les travaux. Ceux-ci
furent menés à terme, non sans de multiples difficultés financières et
autres. L’ouverture de l’école, le 20 Octobre 1901, quatre religieuses
des Filles de Jésus (Maison mère à Kermaria, Morbihan) étaient à pied
d’oeuvre:

Soeur Idexine (supérieure et directrice de l’école)
Soeur Aglaé (infirmière)
Soeur Marie Ange(enseignante) et une soeur responsable de
l’intendance.

Tout semblait donc bien parti pour les petites Cambutiades leurs
futures élèves. Hélas ! Une année scolaire était à peine écoulée que de
gros nuages noirs menaçaient déjà l’existence de la jeune école. Depuis
un an, en effet le gouvernement Waldeck Rousseau préparait un projet de
loi sur les Associations. Projet qui entra en discussion à la Chambre
des députés le 15 janvier 1901. L’article 19 disait qu’aucune
Congrégation religieuse ne pourrait se former sans autorisation donnée
par une loi qui déterminerait les conditions de son fonctionnement.

-L’article 14 portait des sanctions sévères contre tout membre d’une
Congrégation non autorisée, qui ouvrirait un établissement
d’enseignement, soit par lui-même soi par personne interposée.

-L’article 18 réglait les biens des Congrégations existantes, qui
n’auraient pas dans le délai de trois mois, justifié qu’elles avaient
fait diligence pour se conformer aux prescriptions de la loi. Cette loi
qui portait le titre de « Loi sur le contrat d’association était en somme
le décret de mort porté contre les Congrégations religieuses »
(Mourret,P.173).

Cette loi fut pourtant votée, à la chambre des députés, le 29 mai
suivant, par 303 voix contre 254. Et c’est le gouvernement Combes (formé
le 7 juin), qui allait l’appliquer. Son Premier Ministre, pour un coup
d’essai fermait 135 écoles privées, le 27 juin 1902… Le lendemain 28
juin 1902, les religieuses de Sainte Anne du Cambout recevaient, de la
Préfecture des Côtes du Nord, leur ordre d’expulsion. Ce fut le
Sous-Préfet de Loudéac qui exécuta la triste besogne. Les quatre
religieuses trouvèrent un asile provisoire au château et chez Victoire
Rolland, du bourg responsable du Tiers Ordre des Saints Cœurs de Jésus
et Marie. Puis elles furent rappelées à la maison mère de Kermaria.
Etait-ce la fin d’un beau rêve pour les petites Cambutiades ? Non, les
religieuses étaient là à la rentrée suivante. Que s’était-il passé ?
Elles avaient tout simplement changé d’habit (au lieu de religieuses
elles étaient en civil). Cette transformation avait suffi pour qu’on les
autorise à prendre la direction de l’école Sainte Anne. Depuis l’école
tient toujours et a pris de l’extension. En 1954, une cantine fut
inaugurée le 2 janvier. En 1964, une classe nouvelle et un préau ont été
construits par l’entreprise Michard de Gastry. La bénédiction en fut
faite par Mgr Kervéadou, évêque du diocèse, le 14 Juin. L’école est
devenue mixte (garçons et filles y sont admis). L’Association
paroissiale des chefs de famille est, depuis 1951, propriétaire légale
des bâtiments et du patronage. L’Acte notarié (Etude de Me Fairier, La
Chèze) est daté du 16 Avril 1951.

Le patronage

Texte original

Thurine :Et le patronage, depée quand qu’il
est là?

Françouèse : En 1910, l’abbé Pacheu (qui
fut 24 ans vicaire ici) demandait une salle pour réunir les jeunes gens
et les moins jeunes aussi. Il s’adressa à Mr de Saint Pern pour lui
louer une partie du terrain, près du presbytère Le Vicomte fut
d’accord.

Français moderne

Thurine : Qu’est-ce qui s’est passé donc, pour ce
que mon défunt grand-père appelait « les inventaires » ?
Françouèse : Après l’adoption de la loi de 1902 contre
les congrégations religieuses, le gouvernement Combes ne s’arrêta pas
là. Un député des Basses-Alpes proposa la dénonciation du Concordat de
1801 entre l’Église et Napoléon, et on saisit l’occasion. La séparation
de l’Église et de l’État fut votée, et les biens de l’Église devinrent
propriété de l’État. Cela entraîna les inventaires des églises, et la
nôtre n’y échappa pas.

Seulement où trouver l’argent nécessaire ? La sœur (Mathurine) des
abbés Morel lui apporta la solution en offrant la somme généreuse pour
l’époque dix mille francs. La maison Garnier (quincaillerie en gros à
Saint Brieuc) envoya ses techniciens, qui montèrent en un temps record
la salle avec armature de fer (salle-scène-arrière-scène).

L’inauguration eut lieu le 9 septembre 1941. Le vicaire général de la
Villerabel procéda à la bénédiction des locaux. Puis, ce fut l’occasion
d’une fête qui a marqué les contemporains. Au programme il y avait un
défilé des fanfares des environs, exercices de gymnastique, séance
théâtrale par les Gars du Porhoët. En 1961, pour l’anniversaire de ses
cinquante ans il a été rajeuni: sa toiture en zinc a été réparée et la
salle a été cimentée. Le travail fut exécuté par Eugène le Hay, de bel
Air et Louis Thétiot, du bourg, couvreur. Des volontaires de la paroisse
se chargèrent du transport du machefer ou quenille, offert par Mr Mme
Pierre Lévêque, des Forges, et du terrassement. Les frais du traitement
se montèrent à 92 500 anciens francs.

Maintenant septuagénaire, il se porte bien pour son âge. S’il ne
résonne plus des sonneries de clairons et des roulements de tambour de
sa jeunesse, il n’est cependant pas à la retraite. Il accueille toujours
les troupes théâtrales, les séances des arbres de Noël de l’école sainte
Anne, le banquet de la kermesse. En 1962, une salle de 10 mètres sur 4
mètres 50 a été ajoutée, spécialement destinée à servir de salle de
catéchisme.

Heures d’épreuves

Les Inventaires

Texte original

Thurine : Qui qui s’passit don’ pour ce que
mon d’funt grand ‘peure appelé les inventaires ?

Françouèse : Après l’adoption de la loi de
1902 contre les congrégations religieuses, le gouvernement Combes ne
s’en tint pas là. Un député des basses Alpes ayant proposé la
dénonciation du Concordat de 1801 entre l’église et Napoléon, on sauta
sur l’occasion et la séparation de l’Eglise et de l’Etat fut votée. Les
biens de l’Eglise devenaient propriété de l’Etat. Ce qui motiva les
inventaires des églises. La nôtre n’y échappa point.

Thurine : Au jou’ d’anné, ne cré’ tu pas qu’i’ dé regretter
? Des bâtiments comm’ella coûtent cheur’ à enterteni’ et réparer !

Français moderne

Thurine : Qu’est-ce qui s’est passé donc pour ce que
mon défunt grand-père appelait « les inventaires » ?
Françouèse : Après l’adoption de la loi de 1902 contre
les congrégations religieuses, le gouvernement de Combes ne s’arrêta pas
là. Un député des Basses-Alpes proposa la dénonciation du Concordat de
1801 entre l’Église et Napoléon, et l’occasion fut saisie pour voter la
séparation de l’Église et de l’État. Les biens de l’Église devenaient
alors propriété de l’État, ce qui motiva les inventaires des églises. La
nôtre n’y échappa pas.

Le 10 mars 1906, le percepteur de La Chèze, escorté de deux gendarmes
de Plémet, se présenta devant le portail de l’église Le recteur et le
vicaire ainsi que de nombreux paroissiens, l’attendaient.

A la demande d’entrer du fonctionnaire, ils répondirent non. Les
portes de l’église étaient barricadées avec des herses. Le percepteur et
les gendarmes n’insistèrent pas et rebroussèrent chemin. Ils laissèrent
seulement au recteur une note officielle remettant l’opération à plus
tard.

Le 18 avril 1906, ils revinrent à l’improviste, mais ils trouvèrent
encore les portes de l’église fermées. La troisième tentative eut lieu
le 30 novembre suivant, à 9 heures du matin. Personne n’avait été
prévenu. La surprise était totale. Ils purent opérer sans difficulté et
faire « l’inventaire descriptif et estimatif des biens de toute nature,
détenus par la fabrique paroissiale du Cambout.

C’est ainsi que l’Etat s’appropria ce qui ne lui appartenait pas
!

Thurine : De nos jours, ne crois-tu pas qu’ils le
regrettent ? Des bâtiments comme ça coûtent cher à entretenir et réparer
!

La Guerre 1914-1918

Texte original

Thurine : Et la guièrre de 14-18, qui
éclatit quand j’tins gamines?

Françouèse : Oui, ce fut une grande
souffrance pour tout le monde. Les hommes valides étaient tous
mobilisés. Les femmes étaient bien seules avec les fermes à mener, les
garçailles à élever, les cartes de ravitaillement et la peur quotidienne
de l’annonce d’un mort ou d’un disparu.

Français moderne

Thurine : Et la guerre de 14-18, qui a éclaté quand
j’étais petite ?
Françouèse : Oui, ce fut une grande souffrance pour
tout le monde. Tous les hommes valides étaient mobilisés. Les femmes se
retrouvaient bien seules avec les fermes à gérer, les enfants à élever,
les cartes de ravitaillement à surveiller, et la peur quotidienne de
recevoir l’annonce d’un mort ou d’un disparu.

Soixante-trois de chez nous ne sont pas revenus. Leurs noms sont
inscrits sur le monument aux morts, à l’intérieur de l’église. Si on
ajoute les quatre morts des guerres d’Indochine et d’Afrique du Nord et
les deux de la guerre 1945, on peut dire que la paroisse a payè une
lourde part.

En 1982, la municipalité, constatant qu’il n’y avait pas de monument
aux morts communal, a fait élever (à la hauteur du transept Sud Est de
l’église) une stèle en granit, qui rappelle leur sacrifice.

La Guerre de 1939-1945

Texte original

Thurine : Et la guerre 39-45 qui tournit si
mal pour nous et les prisonniers en Allemagne ?…

Françouèse : Oui, vingt ans après ceux de
14-18, leurs fils allaient voir sur les murs les fameuses affiches
blanches aux drapeaux tricolores entre croisés, annonçant la triste
nouvelle d’une nouvelle mobilisation pour celle qu’on a appelle la « 
drôle de guerre »

Français moderne

Thurine : Et la guerre de 39-45, qui a si mal tourné
pour nous, et pour les prisonniers en Allemagne ?

Françouèse : Oui, vingt ans après ceux de 14-18,
leurs fils allaient voir sur les murs les fameuses affiches blanches
avec les drapeaux tricolores entrecroisés, annonçant la triste nouvelle
d’une nouvelle mobilisation, pour ce que l’on a appelé « la drôle de
guerre ».

La défaite de 1940 allait amener l’occupation de la France par les
Allemands, envoyer dans les camps en Allemagne les soldats français
prisonniers pendant cinq ans, mais aussi faire surgir chez nous la
résistance et ses maquis.

Notre petit coin aurait pu se croire à l’abri. Erreur ! Cette
apparente tranquillité fut troublée d’une part par les inquisitions et
perquisitions de l’occupant et d’autre part surtout par trois événements
qui jetèrent la consternation : Le dimanche 14 Juin 1944, après les
vêpres, alors que rien ne faisait prévoir un danger, un ouragan de
bombes jetées par des avions s’abattit sur le secteur compris entre la
route de Plumieux et la route de Lanouée, spécialement sur Cranhouët, la
forêt de Lanouée et le Pas aux Biches. Le bourg fut épargné, mais il y
eut quatre morts et sept blessés au Pas aux Biches. Une explication
plausible de ce bombardement : ce jour-là, un combat était en cours à
Saint Marcel (Morbihan) entre les allemands et le maquis. Les aviateurs
américains, croyant aider les F.F.I se seraient trompés de secteur. Il y
a des erreurs qui sèment la mort !

Les victimes Denise Bienne( 15 ans), Roger Chapron( 15 ans),
Françoise Mayeux(60 ans), Jeanne Guernie (60 ans)

(Témoignage d’Emile Huet, habitant du village et ancien F.F.I –
Section Jean Taloté).

Le 8 juillet 1944, les Allemands incendièrent la maison de la
Malfourée, qui était un refuge pour les F.F.I. Un seul de ceux-ci
dormait dans la maison. Il fut brûlé à vif. A la paroisse, il eut la
cérémonie traditionnelle des enterrements et fut inhumé au cimetière.
Les autres résistants du groupe, qui couchaient dans les foins aux
alentours, s’en sortirent sains et saufs.

Un autre fait qui ne s’est pas passé dans la paroisse, mais concerne
un Cambutiade de naissance le chamoine Joseph Le Texier, curé de
Merdrignac. Le 3 août 1944, alors qu’il allait porter l’absolution et
l’extrême onction à deux mourants, qui gisaient sur la route devant le
presbytère (l’un d’eux était l’un de ses paroissiens, l’autre un
Allemand), il fut froidement abattu et frappé à mort.

Témoins de pierre d’un passé

Le manoir de la Ville Jégu

Texte original

Thurine : I’s disent qu’i’ a des mésons net
vieilles à la Ville jégu et à Pinguerria !

Françouèse : Oui, si on en croit une note
du 13ème Siècle, il y avait, à la Ville Jégu, un manoir qui appartenait
à Eudon III Vicomte du Porhoët ( 1180-1231) et à son épouse Marguerite.
A sa mort , Eudon III laissa trois héritières:

Mathilde, qui épousa le Comte de Fougères,
Jeanne, femme d’Olivier de Montauban,
Et Aliénor, qui épousa en prernière noces Alain de Rohan et en
seconde noces Pierre de Chermillé.

Le partage des biens meubles et immeubles fut laborieux, les deux
premiers projets furent rejetés. Le troisième eut plus de chance, il fut
signé… au manoir de la Ville Jégu. Dame Marguerite avait jouissance,
jusqu’à sa mort, des terres du Plessis et du manoir de la Ville
Jégu.

Français moderne

Thurine : Ils disent qu’il y a de très vieilles
maisons à la Ville Jégu et à Pinguerria !
Françouèse : Oui, si l’on en croit une note du XIIIᵉ
siècle, il y avait à la Ville Jégu un manoir qui appartenait à Eudon
III, Vicomte du Porhoët (1180-1231), et à son épouse Marguerite. À sa
mort, Eudon III laissa trois héritières :

Mathilde, qui épousa le Comte de Fougères,

Jeanne, épouse d’Olivier de Montauban,

Et Aliénor, qui épousa en premières noces Alain de Rohan et en
secondes noces Pierre de Chermillé.

Le partage des biens meubles et immeubles fut laborieux, les deux
premiers projets de partage furent rejetés. Le troisième projet eut plus
de succès et fut signé… au manoir de la Ville Jégu. Dame Marguerite
eut la jouissance, jusqu’à sa mort, des terres du Plessis et du manoir
de la Ville Jégu.

Manoir et chapelle de
Pengréal

Pingréal avait aussi un manoir. Au 17ème siècle, propriété de la
famille Lefèvre, il passa aux mains de la famille du Noday (de la ville
Davy en Mauron). Le dernier propriétaire, l’abbé du Noday (mort en 1840)
le vendit à la famille de la Ville Feron (Saint Brieuc).

Ce village avait aussi une chapelle (située dans le haut du bois,
disparu aujourd’hui). Elle était dédiée à Notre Dame de Lorette. Elle
aussi n’existe plus. Seules subsistent la statue de Notre Dame de
Lorette (conservée précieusement chez le fermier actuel) et une fontaine
qui a été restaurée.

La maison du Bas
Bour et le Hêtre de Kerfeux

Texte original

Thurine : I’ paraît que, durant la
révolution de 1789 ,un prêt’e vené dire la messe en cachette dans le Bas
Bourg et baptiser les garçailles à Kerfeux. C’ée t’i’ vrai?

Françouèse : Oui, d’après une tradition
orale qui repose sur des preuves authentiques, l’abbé Mathurin Cochon,
originaire de Gomené et vicaire à la Trinité Porhoët, qui n’avait pas
prêté serment à la Constitution civile du clergé (1790) et qui risquait
donc d’être arrêté comme réfractaire, continuait quand même à exercer
secrètement son ministère sacerdotal dans les campagnes environnantes.
Il est venu souvent célébrer la messe dans une maison du Bas du Bourg
actuel. Il a même administré le sacrement du baptême sous un hêtre au
village de Kerfeux. L’un des enfants baptisés était le futur Abbé
pencolé, qui, après avoir été curé de Plémet, se retira et mourut au
village de Tresnel, en Plurnieux.

Que devînt par la suite l’Abbé Mathurin Cochon ? Il fut arrêté au
village de Launay Geffray (Plumieux)en septembre 1798 et, au cows de son
transfert à Saint Brieuc, il fut fusillé à la Tantouille, en Plémy. Dans
ce village, au le bord de la route Loudéac Moncontour, une croix en
granit commémore son martyre.

Français moderne

Thurine : Il paraît que, durant la Révolution de
1789, un prêtre venait dire la messe en cachette dans le Bas Bourg et
baptisait les enfants à Kerfeux. Est-ce vrai ?
Françouèse : Oui, selon une tradition orale qui repose
sur des preuves authentiques, l’abbé Mathurin Cochon, originaire de
Gomené et vicaire à la Trinité Porhoët, qui n’avait pas prêté serment à
la Constitution civile du clergé (1790), risquait donc d’être arrêté
comme réfractaire. Il continuait néanmoins à exercer secrètement son
ministère sacerdotal dans les campagnes environnantes. Il venait souvent
célébrer la messe dans une maison du Bas Bourg actuel. Il a même
administré le sacrement du baptême sous un hêtre au village de Kerfeux.
L’un des enfants qu’il a baptisés était le futur abbé Pencolé, qui,
après avoir été curé de Plémet, se retira et mourut au village de
Tresnel, à Plumieux.
Qu’est-il advenu par la suite de l’abbé Mathurin Cochon ? Il fut arrêté
au village de Launay Geffray (Plumieux) en septembre 1798 et, lors de
son transfert à Saint-Brieuc, il fut fusillé à la Tantouille, à Plémy.
Dans ce village, au bord de la route Loudéac-Moncontour, une croix en
granit commémore son martyre.

L’Oratoire Sainte Anne

Thurine : Not’e temps à nous a oussi ses
témoins de pierre !

Thurine : Notre époque à nous a aussi ses témoins de
pierre !

Françouèse : En 1960, la paroisse fêtait
son anniversaire, sous la présidence de Mgr Coupel (évêque de Saint
Brieuc) et de Dom E. de Miscault (Abbé de Timadeuc). En souvenir de
l’événement et en reconnaissance de la protection de la paroisse lors du
bombardement du 17 juin 1944, fut élevé l’oratoire Sainte Anne, à
l’entrée du bourg (rue de Jégu).

Le terrain fut offert par la famille Théophile Chérel (de Tréhorel).
Le plan est dû à Mr Tirot d’Avranches. Les pierres de granit en deux
couleurs viennent des carrières du Hinglé (Côtes d’Armor). La statue de
Sainte Anne est un don de Mme Veuve Morin ( de Tréhorel). Les travaux de
construction furent exécutés par l’entreprise J.B Jannot de Bréhan
(Morbihan).

La Vierge couronnée

Elle date de 1975 : Le terrain nécessaire pour l’emplacement fut
donné par la farnille Marcel Binet, (de la Châtaigneraie). Le
terrassement fut l’oeuvre de bénévoles. La maçonnerie fut confiée à
l’entreprise E.Michard ,de Gastry.

La statue de la vierge couronnée put être scellée sur son socle
quelques jours avant la Toussaint et fut bénite le 1er novembre 1975, au
cours de la procession traditionnelle au cimetière.

Le Calvaire (Rue Alain de
Coislin)

Le calvaire, à la sortie du bourg sur la route de Lanouée, fût béni
le jour de la fête Sainte Anne en 1981.

A 500 mètres du bourg sur la route de Lanouée, il y avait encore il y
a quelques années, un terrain communal (appelé la Rabine) avec une croix
de bois, son socle de pierres et un christ en bronze.

C’est là que traditionnellement se rendait la grande procession de la
fête de Sainte Anne aux chants des cantiques de la Sainte et parfois de
l’accompagnement des sonneries de clairons et roulements de tambours.
C’était également là qu’était préparée la « fouée de Sainte Anne ». Juché
sur le socle du calvaire, le président de la fête adressait (sans micro
!) la parole de Dieu à la foule impressionnante des pèlerins. Et le feu
de joie était allumé, au chant repris par l’assistance du Magnificat (le
vieux ton.)

Le remembrement de ces dernières années a tout remis en cause. La
rabine fut incluse dans la nouvelle distribution des terres et … le
vieux calvaire disparut !

C’est un peu pour le faire revivre que, en 1981, à 400 mètres plus
haut, toujours sur la même route, à la sortie du bourg un nouveau
calvaire est apparu. Le socle impressionnant de blocs de grosses pierres
est planté d’une belle croix de bois avec l’ancien crucifix (de la
Rabine). De chaque côté de la croix se tiennent les statues en granit de
la Vierge et de Saint Jean, de Sainte Marie Madeleine, du Centurion
(1987).

Mgr Kervennic (évêque de Saint Brieuc), qui présidait la fête de
Sainte Anne, cette année-là, procéda à sa bénédiction avant la grand’
messe.

Reflexions sur le
Passé, le Présent, l’ Avenir

Il n’est nullement question de jouer au prophète, mais simplement de
réfléchir de façon réaliste sur le passé…, le présent… et l’avenir
de cette paroisse.

Le passé…

Nous vivons dans un siècle sans mémoire, où comme sur la surface de
l’eau, l’image chasse indéfiniment l’image « a dit un jour de son
septennat un ancien Président de la République.

Allons-nous justifier ce jugement ?… Nous serions ingrats d’oublier
l’effort patient et tenace de nos grands-pères et pères, de nos recteurs
et vicaires qui ont créé cette paroisse de Sainte Anne du Cambout et ont
obtenu son indépendance canonique. Avec l’aide généreuse, bien entendu,
des familles de Valori, de Saint Pern et du Halgouët.

Le présent …

Cette paroisse a 123 ans par rapport à 1983, date de la fin de la
rédaction de cette monographie). C’est déjà une vénérable dame qui a
fait ses preuves et qui a des cheveux blancs, dus aux inévitables
épreuves qu’elle a vécues.

En est-elle désormais exempte ? Son ciel est-il serein ? N’y a-t-il
pas encore des tempêtes qui la menacent ?…

Hélas ! La météo spirituelle, sur son radar, en détecte toujours
l’attrait presque irrésistible d’une civilisation de plus en plus
matérialiste, le culte effréné du veau d’or, la crise de la foi et de la
pratique, la pénurie de vocations sacerdotales et religieuses. …

L’avenir…

N’est-il pas normal qu’elle s’en préoccupe et qu’elle s’en inquiète ?
Va t’elle régresser ?…

Elle reste, malgré tout, optimiste à certaines conditions: Si les
paroissiens, qui restent attachés à leur foi, prennent vraiment
conscience de la situation spirituelle actuelle et décident de se
mouiller; s’ils sont volontaires, afin de pallier l’absence de prêtre
résident, pour prendre en main certains services paroissiaux la
catéchèse dans les familles ou dans les quartiers, quelques équipes
liturgiques pour animer la messe dominicale, les mariages, les
enterrements, les réunions de prières sans prêtres, la gestion
matérielle et financière de la paroisse…

Le sort de la paroisse est entre les mains des paroissiens. A chacun
de choisir : en se rappelant que « tout acte est un choix de vie ou de
mort ».

Personnages éclésiastiques

Prêtres nés dans la
section du Cambout

L’abbé Guillard, né en 1778 â la Ville Jégu. Décédé recteur de Saint
Hervé.

L’abbé Hollard, né à Gastry. Décédé en 1845, vicaire à Pordic. Une
croix en pierre existe à Gastry en mémoire de lui.

L’abbé Geffray né à la Châtaigneraie le 27 juillet en 1837. Décédé
recteur de Saint Gouéno.

L’abbé Baron, né à Launay en 1823. Premier vicaire de sa paroisse
natale du 24/1/1864 au 1/4/1874. Décédé le 2 octobre 1877, à l’âge de 54
ans.

L’abbé Mathurin Morel, né à Launay. Missionnaire à Haïti.

L’abbé Joseph Morel (frère du précédent), né à Launay : aumônier à
Montbareil (Saint Brieuc). Inhumé au pied de la croix du cimetière
paroissial.

L’abbé Isidore Aubry, né à la Châtaigneraie le 7 juillet 1860. Prêtre
en 1885. Décédé recteur de la Prenessaye.

Prêtres
nés dans la paroisse de Sainte Anne du Cambout

L’abbé Germain Jéhanneuf né à la Ville Océac et baptisé le 9 juillet
1866, curé de Bouron et Bray sur Seine (diocèse de Meaux), aumônier de
l’hôpital de Fontainebleau, décédé le 28 février 1937.

L’abbé Auguste Rolland, né au Bourg et baptisé le 29 novembre 1870,
et décédé le 28juillet 1897 à l’âge de 26 ans.

L’abbé Joseph Le Texier, né au Bourg le 21 février 1879 et baptisé le
22 février, curé de Merdrignac, où il fut tué le 3 Août 1944 par les
Allemands, à l’âge de 65 ans, en accomplissant son ministère
pastoral.

L’abbé Joseph Roussin, né à la Ville Océac le 11 novembre 1881,
aumônier des filles de la Croix, décédé le 2 août 1936 à Merdrignac.

L’abbé Gennairi Jéhanneuf, né au Fougeray et baptisé le 10 décembre
1893. Chanoine de la cathédrale de Meaux, décédé le 15 février 1978.

L’abbé Désiré Guillaume, né au bourg le 1er janvier 1903 et baptisé
le 2. Prêtre le 8 juillet 1928. Maître d’études à l’institution Notre
Dame de Guingamp; décédé le 2 octobre 1930.

L’abbé Aristide Pichard, né au Bourg le 18 avril 1907 et baptisé le
12. Prêtre le 19 décembre 1931. Décédé recteur de Saint Glen, le 27
novembre 1954.

L’abbé Marcel Rouillard, né au Bourg et baptisé le 1er mai 1911.
Prêtre le 23 décembre 1933 Recteur de La Motte. En retraite au
bourg.

L’abbé Ferdinand Taloté, né au bourg et baptisé le 16 décembre 1908.
Prêtre le 8 juillet 1934. Professeur à l’institution Notre Dame de
Guingamp. Décédé le 30 mai 1972.

L’abbé Olivier Cléro, né au bourg le 3 septembre 1923 et baptisé le
4. Prêtre le 29 juin 1947. Vicaire à Plouguenast. Décédé le 8 mai 1956 â
l’âge de 32 ans.

Le Révérend Père Henri Bigorgne, né le 25 janvier 1919 à Gastry et
baptisé le 26. Pràtre (en 1946) des Missions Africaines de Lyon. Décédé
à Sainte Anne de Cagnoa (Côte d’Ivoire) le 16 avril 1950, à l’âge de 31
ans.

3.3. Prêtres
inhumés dans le cimetière paroissial

L’abbé Joseph Morel, le 15 février 1868, à l’âge de 68 ans
L’abbé Jean François le Clézio, recteur de la paroisse, le 26
décembre 1884.
L’abbé Yves Marie Louesdon (recteur de la paroisse), le 26 décembre
1894, à l’âge de 62 ans.
L’abbé Auguste.Rolland, le 28juillet 1897, à l’âge de 26 ans.
L’abbé Joachini Golvais, recteur de la paroisse, le 13 mars 19O3, à
l’âge de 52 ans.
L’abbé Joseph Roussin, le 4 Août 1936, à l’âge de 54 ans.
L’abbé Désiré Guillaume, le 3 octobre 1930, à l’âge de 27 ans.
L’abbé Aristide Pichard, le 27 novembre 1954, à l’âge de 32
ans.
L’abbé Olivier Cléro, le 11 Mai 1956, à l’âge de 32 ans.
L’abbé Ferdinand Taloté, le 1 juin 1972, à l’âge de 63 ans.
L’abbé Marcel Rouillard

Ecole
Sainte Anne et communauté des filles de Jésus (Kermaria)

Supérieures et Directrices

Soeur Marie Alexine de Saint Joseph (1901-1904)
Soeur Marie Saint Joachim (Mlle Amie Marie Le Maintec)
(1904-1918)
Soeur Marie Sainte Flore (Mlle Claire Bemicot)(1918-193O)
Soeur Marie de Sainte Reine (Mlle Chotilde)(1930-1940)
Intérim de Soeur Marie Sainte Clotilde (1940)
Soeur Marie Alexine (1940-1955)
Soeur Marie de l’Assomption (1955-1956)
Soeur Marie Sainte Stéphanie (1956-1962)
Soeur Marie Augustin du Sacré Coeur (1962-1969)
Soeur Marie Michelle de Jésus (1969-1984)
 

En 1969, la communauté est rattachée à celle de La Chèze.

Adjointes

Soeur Marie Angêle de la Croix (1901)
Mlle Duguet (1909)
Mlle Eugénie Vilboux (1930-1935)
Mlle Celine Danet (1935-1940)
Mlles Le Toux et Roué
Soeur Marie Sainte Eugène
Soeur Marie Angèle Thérèse (1951-1957)
Soeur Marie Bemadette Françoise (1957-1963)
Soeur Marie Michelle (1963-1969)
Mlle J. Colas
Mlle P. Cauret
Mlle A. Lerin

Infirmières

Soeur Marie Aglae (1901)
Soeur Marie Emmanuel (1910)
Soeur Marie Archangèle (1935)
Soeur Annais Marie (1935-1950)
Soeur Maria des Sept Douleurs (1950-1954)
Soeur Marie de la Foi (1954-1957)
Soeur Yolande du Sacrè Coeur (1957-1959)
Soeur Maile Antonin (1960-1966)

Service d’église et
intendance

Soeur Marie Saint Honorat et Soeur Marie Saint Hyacinthe (1901)
Soeur Marie de Saint Auguste (1904-1930)
Soeur Marie de Saint Joseph – Soeur Marie Saint Gontran
(1940-1950)
Soeur Régina (1950-1954)
Soeur Marie Saint Alphonse (1954-1955)
Soeur Marie Sainte Bibiane (1955)
Soeur Marie Sainte Polycarpe et Soeur Marie Guénaclie
(1955-1958)
Soeur Marie Sainte Honorine (1958)
Soeur Marie de Saint Jean Joseph (1958-1961)
Soeur Marie Saint Jérôme (1961-1968)
Soeur Marie Gisèle (1966-1968)
Soeur Marie de Saint Grégoire (1968-1969)

Le château des Du Cambout

Présentation

La date de l’implantation de la famille des « Du Cambout » et de la
construction du premier château reste inconnue. On sait seulement que
« au 12ème siècle, le Sire Main du Cambout possédait cette terre et y
habitait dans un château fort »

Le « château fort » remonte aux origines de la féodalité (9ème Siècle).
II était une construction défensive. Il était bâti sur une éminence,
avait une cour basse, était entouré de remparts de bois ou terre et de
douves.

Comment était celui de Sire Main ? Aucun document ne le précise. La
famille des « Du Cambout » y résida du 12ème au 16ème Siècle (1537).

Ce château fort s’il résista plusieurs siècles aux assauts des
conditions atmosphériques, ne put cependant s’opposer à la malignité des
hommes. Il en fit la triste expérience notamment en deux circonstances
historiques : lors de la guerre de succession Blois – Monfort et lors de
la guerre de la ligue en Bretagne.

La guerre de succession (1361-1364): Charles de Blois (époux
de Jeanne de Penthièvre, dite la boiteuse) et Jean de Monfort étaient
prétendants au Duché de Bretagne.

En 1363, des tentatives de conciliation furent ébauchées. Rendez-vous
fut pris à mi-chemin entre Ploërmel et Josselin (où s’était déroulé le
Combat des Trente en 1351). Mais cette réunion au sommet (qui aurait pu
empêcher beaucoup de sang de couler) ne vît jamais le jour. Et la guerre
de succession reprit de plus belle.

Les troupes de Jean de Monfort assiégeaient Auray… Charles de Blois
rassembla ses partisans à Josselin. En étaient les Rohan, Les Porhoët et
Jean du Cambout. Et l’on partit au secours d’Auray.

L’affrontement eut lieu le 29 septembre 1364 sur les landes où
s’élève actuellement le monument de la Chartreuse d’Auray. Il fut
meurtrier. Y trouvèrent la mort, entre autres Charles de Blois et Jean
du Cambout.

En subit aussi les funestes conséquences ; le » château fort » des du
Cambout. En passant dans la région du Porhoët, les gens de Monfort s’en
prirent à lui. « ils le pillèrent et le brûlèrent, ne laissant ni meubles
ni lettres aucunes ».

La Guerre de la Ligue en Bretagne (1576-1598) : La Bretagne
avait été réunie à la France en 1532…

Le calvinisme s’était répandu en France sous le règne de François
1er. Pour défendre le catholicisme contre la doctrine de Calvin, le Duc
Henri de Guise (le balafré) avait fondé la ligue en 1570.

La Bretagne était l’une des provinces les moins touchées par le
calvinisme et ne participait guère aux activités de la ligue. La
nomination en 1582, par Henri III; du Duc de Mercoeur comme gouverneur
de Bretagne allait réveiller celle-ci.

Pour freiner l’expansion du calvinisme (et l’arrière-pensée de
reconquérir l’indépendance de la Bretagne), Mercocur se rallia à la
Ligue du duc de Guise, entraînant le ralliement des seigneurs de
Malestroit de Josselin (capitale du Porhoët), du Cambout… Pas des
Rohan, dont le prosélytisme protestant était notoire.

A Henri III (assassiné en 1589) succéda Henri IV (Henri de Navarre,
chef du parti calviniste), qui voulut reconquérir son royaume sur les
ligueurs.

Le nouveau roi, allié des Anglais, lança ses troupes contre Mercoeur
et ses ligues, qui avaient l’appui des Espagnols.

Douze années de guerre civile (1585-1597) allaient ensanglanter la
Bretagne. L’abjuration de Henri IV (1593) et l’Edit de Nantes (1598)
portèrent le coup de grâce à Mercoeur et aux Ligueurs Bretons.

En 1599, Henri IV, afin d’empêcher le retour de toute guerre civile,
ordonna la démolition des fortifications des villes et des châteaux
particuliers de la province. C’est ainsi que fut victime de sa seconde
agression « le château fort » des du Cambout, dont les remparts furent
démantelés et les fossés comblés.

Le plan du châteu d’origine

En forme générale de quadrilatère incomplet, il comprenait trois
corps de bâtiments avec une grande cour intérieure pavée. Et, comme tout
château fortifié de l’époque qui se respecte, il était entouré de
remparts de bois et terre et de fossés ou douves. Le premier corps de
bâtiment, aux dimensions respectables (murs de 0,80 à 0,90 grandes
fenêtres…) était destiné à l’habitation seigneuriale.

Le rez-de-chaussée se divisait en différentes pièces (cuisine et four
à pain salle à manger – salon) avec entrées situées dans un couloir
situé façade arrière. L’étage était réservé aux chambres à coucher :
trois de quatre mètres sur cinq ; deux de six mètres sur six, avec
plafond de quatre mètres de hauteur aux poutres apparentes.

Un couloir d’un mètre de largeur (façade avant) permettait d’y
accéder. Le grand escalier en bois, prenant naissance au
rez-de-chaussée, s’élevait par paliers jusqu’au grenier, compartimenté
en trois.

Le deuxième corps de bâtiment, perpendiculaire au premier et relié à
celui-ci, était une vaste remise (avec grenier) aux arcades et piliers
en granit sculpté, qui donnait du cachet à l’ensemble.

Le troisième corps de bâtiment plus modeste était situé de l’autre
côté de la cour et face au premier. Il avait un prolongement
perpendiculaire et relié à lui. Il servait d’écurie et de grenier â
fourrage.

Son état actuel

Le corps principal tient toujours et, malgré les outrages des ans,
semble porter encore allégrement le poids des siècles et des événements.
De sa haute stature et de sa toiture rénovée, il domine (avec le clocher
de l’église) la cité Cambutiade.

Le rez-de-chaussée du bâtiment principal a subi des transformations
et a été adapté à la civilisation du 20ème Siècle. Ce qui a entraîné
notamment la suppression de la partie rez-de-chaussée étage de
l’escalier. Mais la partie étage grenier est sauve.

Le bâtiment remise a disparu il y a quelques années, ainsi que son
grenier et ses belles arcades. Sauf toutefois une partie, comprenant un
local au rez-de-chaussée abritant l’échelle (remplaçant la partie de
l’escalier du bâtiment principal) conduisant à une chambre de
l’étage.

Le bâtiment écurie, lui, est toujours debout et continue, sans penser
à la retraite, à remplir fidèlement sa mission bénéfique à l’égard de
nos frères inférieurs.

A côté du quadrilatère seigneurial d’origine ont poussé plusieurs
bâtisses fonctionnelles selon les nécessités professionnelles du
propriétaire actuel.

« Nôtre » Voie romaine

L’apport de la civilisation
romaine

La conquête et l’occupation de l’Armorique (57 avant Jésus-Christ)
par les Légions de César n’eurent pas que des côtés négatifs (que l’on
devine), elles eurent aussi des côtés positifs, dont bénéficièrent,
pendant plusieurs siècles, occupants et occupés.

L’un de ces derniers était notamment les voies, dites romaines, qui
reliaient entre eux les centres importants. « de nombreuses furent
construites qui, franchissant les collines du Centre Armorique,
traversant les forêts, apportèrent la vie et la civilisation
romaine.

Il est possible d’en reconnaître encore trente ou quarante, désignées
sous les noms de « chemin-chaussée, chemin de l’Etat ». (A. du
Cleuziou).

Quel
était la structure de la chaussée des Voies Romaines?

Si l’on se réfère aux descriptions des écrivains latins, les voies
romaines étaient construites en quatre temps :

Une première couche de mortier, couverte de larges pierres avec du
ciment (statumen).

– Une seconde couche de gravats (rudus).

– Une troisième couche de chaux et tuiles concassées (couche épaisse
de 25 à 30 centimètres et imperméable).

– Enfin le revêtement (summa crusta), qui était un pavage de pierres
volcaniques.

Ces voies étaient tracées selon le chemin le plus court d’un endroit
à un autre. Elles étaient bombées. De distance, il y avait des relais
postaux et des hôtelleries.

La Voie Romaine Corseul –
Vannes

Pourquoi le préambule ci-dessus sur les voies romaines ?… C’est que
plusieurs d’entre elles traversaient le Poutrecouët et que l’une
d’elles, la voie Corseul – Vannes (classée parmi les plus importantes)
nous intéresse particulièrement à plusieurs titres. D’abord parce
qu’elle désenclavait notre région et l’ouvrait à la communication entre
Coriosolites et Vénètes. Ensuite elle est l’une des traces authentiques
de la présence romaine, il y a deux mille ans.

Quel était son tracé ?

D’après la carte des Voies Romaines des Côtes du Nord de Alain Le
Diuzet il était le suivant :

Corseul – Langouèdre – La Croix Bouillard (près de la Hutte à
l’Anguille, où était établi un camp romain), où elle croisait la Voie
Romaine Moncontour – Nantes – La Ville Hervé, où elle croisait la Voie
Romaine Carhaix – Rennes – Torquilly (en Coëtlogon) – La Ville Juhel (en
Plumieux) où se trouvait un important carrefour et la Voie Romaine
Carhaix – Angers – Nantes – Le Chef du Bos (en Plumieux) – La Lande de
Cranhoët (en Le Cambout), entre le ruisseau La Blaye et la forêt de
Lanonée, où l’on décèle encore (dans un champ cultivé) le dos d’âne et
des gravats caractéristiques de la chaussée des Voies Romaines. De là
elle descend dans le Morbihan et Vannes.

On n’a pas de détails sur la construction de cette Voie Romaine
Corseul -Vannes. Et on ne peut certifier que la structure de sa chaussée
rivalise avec le fini et la solidité des voies de la Rome Antique. Mais
elle témoigne qu’il y avait de la vie, non seulement végétale et
aninale, mais humaine dans ce coin central d’Armorique, il y a deux
mille ans.

Deux Millénaires !… N’est-ce pas un anniversaire digne d’être sauvé
de l’anonymat ?

LANDE de CRANHOET

Ton mythe préhistorique, ta mutation géologique et ton évolution
écologique, l’un de tes « fans » en rêve et les célèbre à sa manière,
selon sa sensibilité :

A CRANHOET, UN SOIR (I)

Le jour au crépuscule disait adieu,
L’étoile du berger dans l’azur scintillait,
La Lande d’un voile sombre se revêtait
Et s’animait soudain d’êtres mystérieux.
Des martiens ? Non ! Mais des lutins pacifiques
Qui parurent de bonne composition
Et firent au visiteur, plein d’émotion,
Les honneurs de cette lande au passé mythique.
Elle n’était d’abord que futaie impénétrable,
Où ne vivait qu’un faune préhistorique
Quand les légionnaires de la Rome Antique
Y percèrent une large voie carrossable.
Le calme sylvestre, majestueux, serein,
N’était altéré que par le pas cadencé
Des patrouilleurs veillant à la sécurité
Et par le roulement bruyant des chars romains.
Vinrent des migrants : pour leur espace vital
Ils s’attaquèrent aux grands arbres séculaires :
D’arrache-pied ils ouvrirent des clairières
Où bientôt poussa dru la flore végétale.
La bruyère en touffes roses, proliférait,
L’ajonc et le genêt rivalisaient de fleurs:
C’était un paradis pour les traquets rieurs
Et l’alouette qui, dans les nues, grisollait.
Longtemps, la lande fut terre de liberté:
Les bêtes domestiquées y broutaient le jour
Sous la houlette indulgente de leur pâtour;
Les indomptées, le soir, venaient y folâtrer.
L’homme de notre temps, du Progrès sectateur,
Y flaira un trésor secret à exploiter:
Son outil mécanique se mît â fouiller
Cet humus inculte, d’or vert si prometteur.
C’est ainsi que la lande, à l’aventure épique,
Mourut en enfantant une verte toison
Qui blondit l’été à l’heure de la moisson,
En la dotant d’un nouveau charme bucolique.
L’Angélus du soir, sur les ondes propagé,
Coupa court et net le magique envoûtement:
Les lutins disparurent instantanément,
Mais pas les regrets nostalgiques du passé.

Où est situé Cranhouêt, cette lande qui « vit passer les soldats
romains » ? Elle faisait partie de l’ancien Poutrecouët (Porhoët actuel).
Les derniers vestiges de la voie romaine subsistent encore sur le
territoire du Cambout (auprès du village de Blaye et à l’orée de la
forêt de Lanouée).

Etymologie

L’étymologie, étant la recherche de l’origine et des altérations des
mots, proposons celle des noms Porhoët et Cambout.

Porhoët

L’Armorique préhistorique n’est connue que par les traces qu’ont
laissées les générations primitives. Traces découvertes et interprétées
par les chercheurs archéologues.

Les Armoricains faisaient partie de la grande famille celtique, dont
les gaulois n’étaient qu’une branche. Ils s’étaient fixés généralement
sur le littoral. L’intérieur n’était que forêts, coupées de terrains
incultes ou landes. Forêts difficilement pénétrables, forêts sans
dénomination définie.

L’occupation romaine (vers l’an 50 avant J.C) allaient apporter
d’imposants changements dans le désenclavement de la forêt centrale par
les voies romaines, dans les mœurs et dans la langue. La désignation de
lieux allait être latinisée.

Ainsi, (dans la vie de Saint Méen, écrite au 11ème siècle, mais
relatant le cadre de vie au 6ème siècle), on relève cette phrase
suggestive : « In pago placato, qui transilva dicebatut » (dans le pays
tranquille qu’était la traversée de la forêt…) Le « pays tranquille… »
Ne serait-ce pas là, avance H. du Halgouët dans son essai sur le
Porhoët, le premier nom de cette forêt ?

Les Vénètes (Armoricains célèbres depuis leur résistance à César,
implantés sur le littoral morbihannais) qui, depuis la construction de
la voie romaine Vannes – Corseul, avaient l’occasion commerciale ou
autre de traverser cette forêt, l’appelèrent « pagus trans sylvain, le
pays à travers bois, le pays sous-bois »

L’arrivée des émigrants bretons au 5 ème siècle, originaires du Pays
de Galles et d’Irlande (entre autres le moine Mioc qui fonda le Plou
Mioc Futur Plumieux), allait modifier de nouveau le nom de cette forêt
centrale. Ils traduisirent en leur langue bretonne le nom latinisé des
Venètes et en firent Pou – Tro – Coët. En langue bretonne « pou » signifie
pagus ou pays, « tro » veut dire trans ou à travers, « Coët » se traduit
bois Poutrocoêt a subsisté jusqu au 13ème siècle, où après avoir subi
quelques autres altérations (Poutroscoët, Porcoët, Pourhoët), il se
stabilisa définitivement en Porhoët.

Était-ce vraiment la fin de son évolution nominale ? Non.

Les poètes du Moyen Age en firent successivement Brecelien ,
Broceliente, ou Brocéliande et y situèrent les aventures de Merlin
l’enchanteur et de la fée Morgane (Forêt de Painpont).

Cambout

Ce nom a-t-il, lui aussi, connu l’aventure des mutations ?

Si modeste qu’elle fût, cette section du grand Porhoët n’en a pas
moins subi diverses altérations.

Quelle en serait l’origine ?

Les spécialistes de la langue bretonne (parlée dans le poutrecoët par
les émigrants bretons au 5ème siècle) la voient dans les mots bretons
« Kamin » (courbe) et » bod » ( Coat ou coet , bois)

Ainsi le mot « Cambout » tirerait son nom de la configuration de
l’endroit : la courbe du bois.

Le nom du seigneur du lieu aussi… Sans doute propriétaire d’une
partie du bois, et séduit par le site vallonné, il y construisît son
château. C’est ainsi que « Sire Alain y vivait au 12ème siècle… » Sire
Alain de la courbe du bois ou du Cambout.

Et le nom des habitants ?

Lui aussi est sujet à contestations et souvent victime des
imaginations facétieuses. Les habitants philosophes ne s’étonnent plus
de se voir et entendre affublés de noms fantaisistes Camboudins,
Cambodgiens, Camboutais, Castors, etc.

C’est à un « du Cambout » qu’il faut recourir pour avoir l’appellation
la plus vraisemblable et la plus valable. Voici pourquoi : En 1710, le
Cardinal Henri du Cambout, évêque de Metz, fut élu à l’Académie
Française. Lors de sa réception officielle, le parrain du nouvel
académicien ( son oncle le cardinal de Coislin du Cambout) commença son
discours en latin: « O Cambutiadum clara gens » . O Famille illustre des
du Cambout. »

Là est la clé de la dénomination authentique des habitants du
Cambout. « Cambutiaduni est le génitif pluriel des mots latins
« Cambutiades, Cambutiadis ». Les habitants du Cambout ont donc droit
logiquement au nom à consonance latine de « Cambutiades. »

Annexe A. Sources


  • Archives paroissiales



  • La Bretagne( de l’origine à la réunion ) d’A.Raison fu
    Cleuziou



  • Le Porhoët d’Hervé du Halgouët.


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